Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

vendredi 23 août 2013

A l'encre russe de Tatiana de Rosnay

En avril dernier, Dandelion chroniquait La Théorie de l'information d'Aurélien Bellanger, roman, qui dès sa sortie, fut affublé de l'expression "roman Wikipedia". Cette chronique romancée de l'histoire technologique française de ces 30 dernières années, n'a pas grand chose à voir avec A l'encre russe de Tatiana de Rosnay.
Et pourtant, si l'un est associé à l'encyclopédie incontournable du Net, l'autre peut aisément l'être à un autre élément du Web, devenu incontournable dans nos vies quotidiennes, je veux parler des réseaux sociaux et plus particulièrement concernant A l'encre russe de Twitter.
Alors, A l'encre russe, le roman des réseaux sociaux ?
On peut le dire tant le thème y est présent. Mais pour autant, A l'encre russe ne peut se résumer qu'à cela.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

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Résumé de l'éditeur:

Nicolas Duhamel découvre à plus de vingt ans qu'un troublant mystère entoure ses origines. Pourquoi sa famille a-t-elle délibérément rayé un pan de son histoire ? Son père, disparu au large de la côte basque alors qu'il était encore enfant, n'est plus là pour lui répondre. Affecté par l'onde de choc de ces révélations, le jeune homme se lance sur la piste de ses ancêtres, jusqu'à Saint-Pétersbourg. De cette enquête découlera un roman qui rencontrera un succès phénoménal. Grâce à ce livre, Nicolas pense en avoir fini avec les fantômes du passé. Pourtant, lors d'un séjour dans un hôtel de rêve sur une île toscane, il verra s'accumuler orages et périls, défiler sa vie et se jouer son avenir.

Réflexion sur l'identité mais aussi sur l'écriture, A l'encre russe, spectaculaire roman à tiroirs, marque le sacre de la reine du secret.
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http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Romancière de langue française la plus lue dans le monde, Tatiana de Rosnay ne nous fait cette fois pas cet honneur, puisque qu'A l'encre russe est traduit de l'anglais. Ceci explique peut être l'accueil mitigé qu'a eu le roman auprès de son lectorat.
Pourtant, celui-ci ne manque pas d’intérêts, même si les thèmes abordés sont aux antipodes de Elle s'appelait Sarah le plus grand succès de l'auteure franco-anglaise.
Ce dernier, je ne l'ai pas lu mais me souviens de son émouvante adaptation. Ainsi, je n'avais aucun point de comparaison  avant de me lancer dans la lecture de son nouveau roman.

Réflexion sur les moteurs de l'inspiration (ce qui peut pousser un écrivain à écrire et les écueils dans lesquels il peut tomber après avoir rencontré un premier succès), récit sur la quête d'identité (Nicolas Duhamel, le héros du roman, découvre lors du renouvellement de son passeport que son père est d'origine russe ce qu'il ignorait totalement), chronique d'un palace italien de luxe, et comme je l'ai dit en introduction essai sur les réseaux sociaux et sur les travers, dans lesquels, tout un chacun et plus particulièrement un écrivain peut tomber, A l'encre russe, sans grandes envolées lyriques, propose une lecture agréable dénuée de digressions lourdes et parfois ennuyeuses présentes chez certains auteurs. Ainsi, A l'encre russe tient plus de la lecture "récréative" que les vacanciers-lecteurs tendent par exemple à privilégier lors du congés estivales.

J'ai entendu ça et là que Tatiana de Rosnay avait réussi un joli coup en surfant sur les thèmes des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Ces derniers, il faut bien l'admettre sont devenus incontournables ; des auteurs spécialistes totalement inconnus du grand public, sont ainsi parvenus à se faire connaitre grâce à eux. Tatiana de Rosnay et son éditeur semble l'avoir compris. De ce fait, certains personnages qui n'existent que dans le roman, trouvent, chose amusante, leur propre avatar actif sur le réseau Twitter. N'est-ce pas plutôt la preuve que Tatiana de Rosnay est parfaitement en phase avec son temps, que Twitter ou Facebook sont des médias incontournables lors du lancement d'un roman et enfin que Tatiana de Rosnay est une vrai auteure du 21 ème siècle ?

AL

Liens:

http://www.editions-heloisedormesson.com/

http://www.aufeminin.com/livres-a-lire/interview-tatiana-de-rosnay-d50060.html





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lundi 19 août 2013

Pour faire le portrait d'un oiseau de Jacques Prévert in Paroles

Je suis encore de ceux à qui l'on faisait lire de la poésie à l'école. J'ai beaucoup de respect pour Jean-Jacques Goldman ou Grand Corps Malade (que j'ai d'ailleurs mis à l'honneur dans la rubrique "lectures" de Dandelion dans son précédent billet) mais de les voir au programme du Bac français me laisse perplexe.

Ainsi, certains collégiens d'aujourd'hui arrivent au lycée sans avoir découverts des poètes français majeurs comme Paul Verlaine ou Jacques Prévert qui n'y sont plus étudiés ensuite. J'ai pu discuter de ce fait avec certains jeunes instituteurs qui les ont volontairement laissés de coté, apparemment trop difficiles à aborder pour certains élèves d'aujourd'hui. Ces instituteurs n'évoluent pas dans des collèges prestigieux, mais ceux-ci ne sont pas non plus situés dans les fameuses ZEP (Zone d'éducation prioritaire)...

Ainsi , la chanson Là-bas de JJG et le Slam de Grand Corps Malade ont remplacé nos poètes du 20 ème siècle.

Alors, pour qu'il tombe moins vite dans l'oubli, je vous propose un des poèmes de Jacques Prévert du recueil Paroles, dans lequel sont compilés certains des plus connus de ses textes.  

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Pour faire le portrait d'un oiseau


A Elsa Henrique


Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau

Placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...

Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider

Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée
de l'oiseau n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau

Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un les barreaux
et ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter

Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau

et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
AL

Liens:


Un site en hommage à Jacques Prévert :  http://xtream.online.fr/Prevert/



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jeudi 15 août 2013

Les Corrections de Jonathan Franzen

11. Vous devez écrire comme vous boxer, vous devez donner tout ce que vous avez en vous parce que chaque match, comme chaque livre, est peut-être le dernier.

Dans le roman La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joel Dicker, Arthur Goldman reçoit d'Harry Quebert, son mentor, 31 conseils d'écriture - soit autant que le nombre de chapitres du livre - qui vont le façonner et lui permettre de devenir un grand écrivain.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Harry Quebert n'est qu'un personnage de roman et n'existe que dans l'imaginaire de Joel Dicker et désormais dans celui des ses nombreux lecteurs. Je ne sais pas si Jonathan Franzen s'est forgé seul ou si lui aussi a eu son pygmalion. Son roman, Les Corrections semble pourtant avoir été écrit selon ce credo tant il fourmille d'idées tout au long de ses 720 pages.

Publié en 2000, le roman a reçu le prestigieux National Book Award en 2001 outre-atlantique.

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Résumé de l'éditeur:

La famille Lambert est une famille comme les autres : derrière son apparente bonhomie se cachent des désirs parfois inavouables… De déchirures en réconciliations, Enid, Alfred et leurs trois enfants tentent de donner un sens à leurs contradictions. Et si on ne naissait que pour corriger les erreurs de ses parents ? Un roman-fleuve à l’humour féroce, dont la puissance balaye tout sur son passage.

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"Elle avait l'impression qu'Al et elle étaient les deux seules personnes intelligentes de leur génération qui aient réussi à ne pas faire fortune"

Les Corrections. Celles que chacun des membres d'une famille du Midwest américain, les Lambert, aimerait apporter à sa propre existence.
Jonathan Franzen met, tour à tour, le projecteur sur chacun d'entre eux.

Tout d'abord, Chip, l'intellectuel de la fratrie et pourtant celui qui a certainement le moins bien réussi, empêtré dans les corrections de son scénario dont personne ne veut et d'une carrière d'enseignant à l'université gâchée à la suite d'une liaison avec l'une de ses élèves et dont les péripéties l'emmèneront jusqu'à la Lituanie.
Gary l’aîné, dont la réussite professionnelle ne peut rattraper l'échec latent dans l'éducation rêvée des ses enfants, dépressif et en conflit avec son épouse quant au règlement de la question portant sur le lieu du prochain réveillon de Noel qu'il souhaite passer, selon le désir impérieux de sa mère, dans la maison familiale de Saint Jude.
Denise, la cadette, virtuose de la cuisine - elle sera, (pour un temps du moins) un chef reconnu d'un restaurant à la mode de Philadelphie - mais incapable de s'installer durablement dans un relation stable et équilibrée au grand damne de sa mère, elle sort d'un divorce et aura de nombreuses relations les plus incongrues les unes que les autres.
Et puis leurs parents, Enid la mère, très à cheval sur les conventions sociales de son temps, ayant longtemps souffert de l’absence de son mari ingénieur dans les chemins de fer et accaparée par ses taches ménagères et l'éducations des ses trois enfants, elle déplore aujourd'hui leurs mauvais choix d'investissement, les privant d'une retraite aisée et n'a qu'une idée en tête, réunir toute sa famille à Saint Jude pour les prochaines fêtes de Noel.
Enfin, Alfred, mari froid, père strict, aussi brillant dans sa carrière d'ingénieur des chemins de fer que médiocre pour les relations familiales, cette carrière qui se terminera pourtant en eau de boudin puisqu'il décidera de démissionner à quelques mois de sa retraite - nous saurons pourquoi il a prise cette décision étrange - qu'il débute en déclarant un Parkinson.

"Les Corrections" est souvent affublé, pour le décrire, de l'expression de roman fleuve. IL est à noter que les romans fleuves d'aujourd'hui ne sont plus ceux du début du vingtième siècle en France, quand  Romain Rolland avait besoin de 10 volumes pour aller au bout de son "Jean-Christophe", Roger Martin du Gard 12 pour achever "Les Thibault" et Jules Romains, pas moins de 27 volumes pour raconter "Les Hommes de bonne volonté" et, sans oublier Proust, les 720 pages des Corrections, à coté, semblent ne pas peser bien lourd.
Mais c'est sans compter sur ces nouvelles habitudes de lecture qui nous font zapper le plus rapidement possible entre romans et auteurs divers privilégiant souvent la brièveté à la découverte d'une oeuvre que l'on entrevoit comme excellente mais que l'on juge trop longue. Ah que tes romans peuvent faire peur Tom Wolfe !
Pourtant, ce roman est bien un roman fleuve d'aujourd'hui. Pour ceux et celle qui s'adonnent à l'écriture, il se pose parfois la question de savoir si telle ou telle idée doit être incluse dans ce que nous sommes en train de rédiger ou si elle ne pourrait pas être exploitée dans un nouveau projet de roman ou de nouvelle et ainsi de s'épargner l'angoisse de la la recherche de nouveaux terrains exploitables. Jonathan Franzen, l’instar du conseil de Harry Quebert en préambule de ce billet, ne s'est assurément pas posé la question.

Son écriture, pleine de virtuosité, accouplée d'une richesse d'idées (ou l'érudition le dispute au tragi-comique) rarement rencontré dans un seul roman, participe à ce sentiment de prendre claque sur claque et force le lecteur à poser le livre pour reprendre son souffle. Ce fut mon cas qui l'ai même lu en plusieurs semaines, le lâchant et y revenant parmi d'autres lectures.
Rajoutons à cela une bonne dose de cynisme et des pans du roman - description de la façon dont les symptômes de la dépression de Gary reviennent, celle d'un coït entre Alfred et Enid, de la bataille entre Alfred et un étron (oui c'est bien ça) ou encore celle, hilarante du vol, par Chip, d'un filet de saumon qu'il est incapable de payer - vous resteront longtemps gravé en mémoire.

Un vrai chef d'oeuvre.

AL

Liens:

http://www.telerama.fr/livre/jonathan-franzen-romancier-des-americains-je-partage-les-defauts-j-en-fait-partie,72032.php


Chronique de Frédéric Beigbeder du nouveau roman de Jonathan Franzen, Freedom :

http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/09/10/01006-20110910ARTFIG00012-index.php


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samedi 10 août 2013

Neowood ou l'édition 100% numérique

Le numérique s'immisce lentement mais surement au sein de la littérature.

Certes, comme j'en ai parlé dernièrement, la France, à l'instar de ses grands éditeurs a pris du retard en la matière. Si aujourd'hui beaucoup d'entre eux proposent la plupart de leurs nouveautés en format numérique (epub, pdf...), il ne s'agit que de la transposition du format broché à un prix à peine moins cher. Pas de quoi motiver le lecteur non initié à franchir le pas.

D'autre à l'image de Neowood on su prendre la mesure du potentiel que revêtait le numérique au sein des Belles Lettres.

Maison d'édition 100 % numérique, Neowood constitue pas à pas un catalogue d'ouvrages numériques de divers horizons (livres inédits ou déjà publiés au format papier mais tombés dans l'oubli) et se charge de les promouvoir sur toutes les plateformes en présence.

Avec pour credo, l'innovation, Neowood dit travailler actuellement sur de nouvelles formes de format (transmédia, formats courts, Smartphone ?), avec des lancements prévus dans les mois à venir.

Riche d'un catalogue de 14 livres numériques (de 1,99 € à 4,99 €), des polars Miroirs de Maxime Lorfrais, Le Dernier debout de Marc Zuber, L'Après 14 juillet de Fabrice Guillet, des nouvelles, des romans, Alice de Laura Berent ou des recueils de poésie avec le coup de cœur proclamé de la maison d'édition 700 000 Cigarettes de Claude Alter.



Résumé

Relations familiales fatales, rapports complexes avec les femmes, événements historiques... Les souvenirs de l'auteur s'imbriquent dans une saga ponctuée par les cigarettes fumées au pied d’un lit, à l’ombre d’un arbre, à l’appui d’une fenêtre. Ce récit poétique au traité particulièrement original nous offre une fuite parfois contrôlée, par moment échevelée, mais empruntant souvent des chemins escarpés. 700 000 cigarettes nous aspirent dans les bouffées d'une vie incroyablement riche et dans des réflexions d'une justesse à couper le souffle.
ffet de mode ou véritable


Un ovni littéraire mais au final un moment agréable de lecture pour seulement 3,99 €. A ce prix qu'obtenez-vous dans une librairie ? Même pas un livre de poche.


Neowood n'est pas la seule maison d'éditions de ce type. Il en existe actuellement et rien qu'en France des dizaines. Celles-ci parviendront-elles à s’installer durablement ? Profitent-elle simplement du retard pris par les mastodontes français ? Disparaîtront-elle avec le temps ou sauront-elle créer les formats de lecture du futur ?
Seul l'avenir le dira.

A suivre...

AL

mardi 6 août 2013

4 Saisons de Grand Corps Malade in Enfant de la Ville

Second volet de la toute nouvelle rubrique de Dandelion "Lectures". En lumière cette semaine, Grand Corps Malade dont je vous ai parlé il y a quelques temps dans le cadre du billet consacré à Patients.

4 Saisons. C'est par le truchement de ce slam - mais j'ose le dire, de ce poème - tiré de l'album Enfant de la ville que j'ai découvert et ai été séduit à la fois par l'artiste que par la discipline qu"il a mis en lumière.

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Si comme beaucoup, vous ne considérez pas le slam comme un art littéraire à part entière, ce texte va assurément vous faire changer d'avis.

Magnifiquement accompagné par le piano de son acolyte S Petit Nico, ne refermez pas cette page sans avoir écouté, une fois votre lecture achevée, la vidéo agrémentant ce billet.

Grand Corps Malade - 4 Saisons


A l'arrivée du mois de décembre 
j'ai bien regardé, 
la hauteur de ciel descendre
et l'hiver arriver

j'étais presque content de le voir
en l'observant se déployer
j'ai mis une veste au-dessus de ma veste
pour pas trop cailler

j'ai vu la nuit qui tombait tôt
mais les gens qui marchaient plus vite
j'ai vu la chaleur des bistrots
avec de la buée sur les vitres

là dessus la nature est fidèle
j'ai vu le jour se lever tard
j'ai vu les guirlandes de Noël
qui me foutent le cafard ?
j'ai aimé avoir les mains gelées
pour les mettre au fond de mes poches
j'ai adoré marcher dehors
quand tu sais que la maison est proche

j'ai souris bêtement 
en voyant qu'il n'y avait plus 
de fleurs sur les balcons
j'ai regardé le ciel tout blanc
y avait même des flocons

certains matins j'ai vu que le givre 
avait squatté derrière les fenêtres
j'ai vu les gens revenir du ski
avec la marque des lunettes

je commençais juste à m'y habituer
mais les jours ont rallongé
j'ai compris que le printemps
allait emménager

le mois de mars avait tracé 
en un battement de cils
et on m'a dit qu'en avril 
faut pas se découvrir d'un fil

mas moi j'ai peur de rien
alors malgré les dictons vieillots
j'ai enlevé une de mes deux vestes
pour pas avoir trop chaud

j'ai vu les arbres avoir des feuilles
et les filles changer de godasses
j'ai vu les bistrots ouvrir plus tard
avec des tables en terrasses



y avait pleins de couples qui s'embrassaient
c'est les hormones, ça réagit
c'est la saison des amours 
et la saison des allergies

c'est vrai qu j'ai eu le nez qui coule
et je me suis frotté les yeux 
mais j'ai aimé la chair de poule
pendant un coup de vent affectueux

sur les balcons ça bourgeonnait
j'ai ri bêtement à cette vision
j'ai regardé le ciel bleu-pâle
y avait même des avions

ma factrice a ressorti le vélo
j'étais content pour elle
content aussi pour le daron
qui aime le retour des hirondelles

je commençais juste à m'y habituer
mais le thermomètre a augmenté
j'ai compris ce qui nous pendait au nez
c'était l'été

au mois de juin an change de teint
fini d'être albinos
c'est la période des examens
et puis celle de Roland Garros

ça sent les vacances à plein nez
il va être l'heure de se tirer
moi j'ai enlevé ma dernière veste
pour pas transpirer

j'ai vu qu'il faisait encore jour
même après le début du film
pour ceux qui ont des poignées d'amour
il est trop tard pour le régime

les mecs sont assez excités
et ça les préoccupe
que les filles sortent leurs décolletés
et leurs mini-jupes

j'ai aimé rechercher l'ombre
quand il y avait trop de soleil
j'ai aimé dormir sans la couette
pour rafraîchir le sommeil

sur les balcons c'était la jungle
il y avait plein de fleur et de feuillage
j'ai regardé le ciel tout bleu
il y avait même pas de nuages



j'ai adoré conduire la nuit
la vitre ouverte en grand
avec le bras gauche de sorti
qui fait un bras de fer contre le vent

je commençais juste à m'y habituer
mais j'ai vu une fleur fanée
j'ai compris que l'automne 
était déterminé

c'est surtout à partir d'octobre
c'est la saison la plus austère
moi bizarrement je la trouve noble
c'est celle qui a le plus de caractère

j'ai vu les feuilles qui tournoyaient
comme des ballons de baudruche
j'ai remis une de mes vestes
avec une capuche

j'ai vu la pluie, j'ai vu le vent
les rayons de soleil malades
j'ai vu les K-ways des enfants
qui partent aux châtaignes en ballade

j'ai marché dans les feuilles mortes
et sur les trottoirs mouillés
j'ai vu les parcs changer de couleurs
ils étaient tout rouillés

j'ai aimé les lumières de la ville
qui se reflètent dans les flaques
et les petites bourrasques de vent
qui mettent les brushings en vrac

sur les balcons y avait que des branches
sans feuilles et sans raisons
j'ai regardé le ciel tout gris
y avait même plus d'horizon

et puis l'hiver est revenu
puis les saisons se sont perpétuaient
les années passent, la vie aussi
on commençait juste à s'y habituer

on est les témoins impuissants
du temps qui trace, du temps qui veut
que les enfants deviennent des grands
.et que les grands deviennent des vieux.........


Liens:




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