Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

lundi 28 octobre 2013

Le Confident D'Hélène Grémillon

Si Dandelion vous a proposé depuis sa naissance quelques découvertes (L'Age des miracles de Karen Thompson Walker ou encore Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa), du moins des livres qui ont eu, en France, un peu moins de couverture médiatique que Le Confident d'Hélène Grémillion, il peut également se faire happer par la tendance et se laisser séduire par un succès de librairie ; l'activité de blogueur n'ayant pas la désagréable obligation de devoir lire et parler d'ouvrages imposés par le métier de journaliste/critique littéraire. Petit clin d’œil à l''un d'entre eux qui, s'il a la bonne idée de lire ce billet, se reconnaîtra et se souviendra d'une discussion dans laquelle il me faisait part de sa frustration de ne plus pouvoir, faute de temps, lire ses auteurs favoris. C'est peut être là qu'il faut rechercher la cause de certains papiers acerbes, emplis de haine rageuse que ces congénères pondent parfois pour des œuvres qui intrinsèquement ne le méritent pas. Le monde de l'édition n'est pas le pays des bisounours et s'ils ne devaient parler que des livres qu'ils aimaient, certains critiques auraient sans doute la nécessité de se choisir un autre défouloir ou trouverions nous, sans doute, beaucoup plus de dépendants à certaines substances antidépressives dans ce microcosme.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/


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Le credo de Dandelion - ce n'est pas celui, il est est vrai, de tous les blogs de littérature - mais par quel désespoir se livrent t'ils gratuitement à la vindicte ? - est de parler essentiellement (j'écorne rarement un livre, dans les deux sens du terme d'ailleurs...) des ouvrages qui m'ont enthousiasmés ; ce fut ainsi le cas pour Hélène Grémillon, l'auteure française la plus sexy du moment (aucun intérêt, mais j'assume !), enfin c'est juste Ma préférence à moioioioioioi!!!!!!!!
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Résumé de l'éditeur:

1975. Après la mort de sa mère, Camille reçoit une lettre d'un expéditeur inconnu. Puis, chaque semaine, de nouvelles lettres arrivent lui racontant une histoire débutée plus de trente ans auparavant, à l'aube de la guerre, jusqu'à la révélation d'un terrible secret qui la concerne.

Au milieu des mots de condoléances qu'elle reçoit à la mort de sa mère, Camille découvre une étrange lettre envoyée par un expéditeur inconnu. Elle croit à une erreur mais, les semaines suivantes, une nouvelle lettre arrive, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend que cette correspondance recèle un terrible secret qui la concerne.

Machination diabolique sur fond de Seconde Guerre mondiale, ce roman mêle récit historique et suspens psychologique dans un scénario implacable.
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Les écrivains du secret sont à la mode. Philippe Grimbert (Un secret - 2004) ou encore Tatiana De Rosnay (Boomerang, A Secret Kept 2009) par exemple en ont fait une spécialité. Le Confident, le premier roman d'Hélène Grémillon surfe indéniablement sur cette vague. Avec cette fiction quasi épistolaire, Hélène Grémillon entre en littérature par la grande porte, portée par un bouche à oreille initié par des libraires avisés et relayés par des blogueurs sous le charme qui en ont fait un formidable succès avec près de 350 000 exemplaires vendus essentiellement et de façon logique, somme toute, en format poche.

Comment devient-on dès son premier roman un auteur de best-seller ?
Bien évidement vous devez écrire un bon roman. Mais ce n'est pas tout. Combien de bons écrivains, auteurs de grands romans resteront à jamais dans l'oubli ?
Vous avez su séduire un grand éditeur ayant les moyens de promouvoir votre livre, vous êtes près du but. Mais vendre à plus de 100 000 exemplaires même lorsque l'on a signé chez Flammarion reste une prouesse. Alors ?
Alors, faites comme Hélène Grémillon et sachez concocter un roman qui fera parler, que vos lecteurs aurons allègrement envie de partager.
J'ai pour ma part, dévoré Le Confident. Je l'ai vraiment adoré jusqu'à ses deux dernières pages.

Hélène Grémillon a construit son premier roman comme un polar. S'il ne agit pas ici de meurtre mais d'une histoire d'amour tragique couplée à un secret de famille, Hélène Grémillon en a tout même utilisé quelques uns de ces principaux ingrédients: intrigue distillée au compte goutte au grès de lettres mystérieuses tenant en haleine le lecteur dès les première pages, un seul et même événement narré par deux personnages différents semant habilement le trouble et puis ces deux dernières pages, cette fin, largement ouverte à interprétation et qui ne cesse d'être commentée sur la blogosphère. Le livre refermé, elle ne vous donne qu'une envie: prêter/offrir/conseiller ce livre à vos ami(e)s lecteurs pour pouvoir ensuite, enfin en débattre.

[Céline dépêche-toi de le finir !]

Maintenant vous y êtes presque, il ne vous reste simplement qu'à soigner votre style, à parvenir à faire sourire certains de vos lecteurs, simplement à la lecture d'une jolie phrase:

"On ne peut pas reprocher à la vie de vous reprendre ce que vous ne regardiez plus."

"Annie a toujours fait partie de ma vie. J'avais deux ans quand elle est née, deux ans moins quelques jours et j'avais vingt ans quand elle est morte, vingt ans moins quelques jours. Si a deux ans moins quelques jours, on ne sait pas que l'on rencontre l'amour de sa vie, à vingt ans moins quelques jours, on sait quand il meurt. Et on se demande pourquoi on existe."

"J'avais envié toutes les femmes qui pleuraient ce jour-là, leur malheur était la preuve que la vie leur avait accordé le bonheur qu'elle s’obstinait à me refuser."

AL

Liens:


Hélène Grémillon présente "Le confident". par blogsdeplon


http://parisselivre.fr/Paris_se_Livre_Montparnasse_DdPresse.html

http://www.plon.fr/ouvrage/le-confident/9782259212519


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vendredi 11 octobre 2013

La couleur des sentiments de Tate Taylor adapté du roman de Kathryn Stockett

Dandelion se voulant aussi de parler d'adaptations cinématographiques en tout genre, il était temps que votre humble serviteur y revienne, la dernière chroniquée (La Vie d'une autre de Frédérique Deghelt adapté par Sylvie Testud) datant déjà de juillet dernier.

J'avais depuis un moment ajouté le roman La Couleur des Sentiments (The Help dans son titre original, j'imagine que vous vous dites comme moi que le titre en français est bien meilleur et puis Les Bonnes aurait pu prêter à confusion en trompant certains sur ce qu'ils escomptaient y voir ...) à ma PAL et l'occasion de visionner l'adaptation de Tate Taylor se présenta, je troquais donc deux heures lové dans le canapé au coté de ma chère et tendre contre plusieurs séances de lectures - c'est plus ici l'histoire de ces femmes de ménage noires qui décident par l'entremise d'une jeune journaliste de révéler les travers des familles blanches qui les emploient que la qualité de l'écriture de Kathryn Stockett qui m’intéressait - je le fis donc sans aucun état d’âme.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/
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Le synopsis du film par www.premiere.fr:

Tiré du livre phénomène en tête des meilleures ventes sur la liste du New York Times, The Help (paru en France sous le titre « La Couleur des sentiments ») raconte l’histoire de trois femmes du Mississippi dans les années 60, qui vont forger une amitié à haut risque autour d’un projet de livre secret qui va faire exploser les règles de la société et les exposer au danger. De cette alliance improbable va naître une solidarité hors du commun entre ces trois femmes, qui va leur donner le courage de dépasser les limites qui régissent leur existence, et les amener à prendre conscience que les frontières sont faites pour être franchies. Pour cela, elles iront jusqu'à mettre toute la ville face au vent du changement.
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Je plaide coupable, je suis friand de ce genre d'histoires, pleines de couleurs et de bons sentiments. Je sais que beaucoup les exècrent mais pour ma part j'adore tester ma capacité émotive grâce à elles. Quelqu'un m'a dit un jour que cette inclinaison à se sentir ému pour un roman, un film ou une situation quelconque était la marque d'une bonne santé mentale et un moyen pour le bonheur. J'en suis convaincu et j'ai ainsi passé un excellent moment pendant ces 2 heures, riant souvent et au bord des larmes parfois.

Bien évidement certains déploreront un certain manichéisme des personnages. quelques unes de ces mères blanches, incapables de changer un couche et déléguant totalement la charge de l'éducation de leurs progénitures (Elizabeth Leefolt jouée par Ahna O'Reilly) ou plus intéressées par leur rôle dans le club de bienfaisance (Hilly Holbrook interprétée par Bryce Dallas Howard) sont plus que détestables, au bord de la caricature même, et on ne peut que s'attacher à ces bonnes noires persécutées et malgré cela tenant leur rôle de véritable mère de ces enfants de riches sans la moindre once de retenue. Et pourtant, certains hommes noirs battent leur femme et une de ces filles blanches (Skeeter portée par une incroyable Emma Stone) qui en a compris bien plus que les autres mais au risque de passer pour le vilain petit canard, va se décider à mettre en lumière tout cela et faire voler en éclat tout ces vieux préceptes. Dans la Couleur des sentiments celles-ci sont plus nuancées qu'il n'y parait et c'est sans doute cela qui fait du roman de Kathryn Stockett et de l'adaptation de Tate Taylor de petits chefs d'oeuvre qui donnent envie, après coup, de lire ou relire Harper Lee, Toni Morrison et tous les grands auteurs de la ségrégation raciale.

AL



Liens:

http://www.premiere.fr/film/La-Couleur-des-sentiments-2345339


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dimanche 6 octobre 2013

C'est du lourd d'Abd Al Malik

Comme vous l'avez sans doute compris, si vous êtes un habitué, Dandelion apprécie ce nouveau genre littéraire venu des Etats-Unis, descendant de la poésie, que l'on appelle le slam. Son premier chef de file musical, Grand Corps Malade a d'ailleurs déjà eu deux fois les honneurs du blog avec son texte 4 Saisons et surtout son récit Patients.

C'est un autre représentant de cet art (car s'en est bien un, pas de doute) que je veux mettre en lumière aujourd'hui, sans doute moins poète que son acolyte et surement plus prêcheur, je veux parler d'Abd Al Malik.

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Ce slameur, d'origine congolaise, passé initialement par le rap et le hip hop, ayant vécu la majeure partie de son enfance dans une cité HLM de Strasbourg, a suivi des études de philosophie (jusqu'à la licence qu'il n'achèvera pas) où ils découvre Épictète, Rimbaud, Deleuze, Sartre, Camus, Césaire ou Sénèque qui se retrouveront ça et là dans des textes aux thèmes "sérieux" (délinquance, problème d'intégration, racisme, communautarisme, pauvreté...) où il prône notamment le "vivre ensemble".

J'ai eu les pires difficulté à choisir un texte qui synthétiserait un tant soit peu son oeuvre. C'est finalement C'est du lourd qui sera mis en lumière dans ce post. Un texte mêlant des thèmes comme la pauvreté, l'écueil de l'argent facile, le racisme et son thème de prédilection, le "vivre ensemble". Un texte qui peut se lire comme une véritable nouvelle, en tout cas bien plus prolixe q'un texte de chanson classique.

C'est Du Lourd

Je m'souviens , maman qui nous a élevés toute seule, nous réveillait pour l'école quand on était gamins, elle écoutait la radio en beurrant notre pain, et puis après elle allait au travail dans le froid, la nuit, ça c'est du lourd.
Ou le père de Majid qui a travaillé toutes ces années de ses mains, dehors, qu'il neige, qu'il vente, qu'il fasse soleil, sans jamais se plaindre, ça c'est du lourd.
Et puis t'as tous ces gens qui sont venus en France parce qu'ils avaient un rêve et même si leur quotidien après il a plus ressemblé à un cauchemar, ils ont toujours su rester dignes , ils n'ont jamais basculé dans le ressentiment, ça c'est du lourd , c'est violent.
Et puis t'as tous les autres qui se lèvent comme ça, tard dans la journée, qui se grattent les bourses, je parle des deux, celles qui font référence aux thunes, du genre "la fin justifie les moyens" et celles qui font référence aux filles, celles avec lesquelles ils essaient de voir si y'a moyen, ça c'est pas du lourd .
Les mecs qui jouent les choses zerma devant les blocs deal, un peu de coke, de temps en temps un peu de ke-cra (crack) et disent « je connais la vie moi monsieur ! », alors qu'ils connaissent rien, ça c'est pas du lourd.
Moi je pense à celui qui se bat pour faire le bien, qu'a mis sa meuf enceinte, qui lui dit j't'aime, je vais assumer, c'est rien, c'est bien, qui va taffer des fois même pour un salaire de misère, mais le loyer qu'il va payer, la bouffe qu'il va ramener à la baraque, frère, ça sera avec de l'argent honnête, avec de l'argent propre, ça c'est du lourd.
Je pense aussi à ces filles qu'on a regardé de travers parce qu'elles venaient de cités, qu'ont montré à coup de ténacité, de force, d'intelligence, d'indépendance, qu'elles pouvaient faire quelque chose de leur vie, qu'elles pouvaient faire ce qu'elles voulaient de leur vie, ça c'est du lourd.
Mais t'as le bourgeois aussi, genre emprunté, mais attention je n'généralise pas, je dis pas que tous les bourgeois sont condescendants, paternalistes ou totalement imbus de leur personne, je veux juste dire qu'il y a des gens qui comprennent pas, qui croient qu'être français c'est une religion, une couleur de peau, ou l'épaisseur d'un portefeuille en croco, ça c'est bête , c'est pas du lourd , c'est...
La France elle est belle, tu le sais en vrai, la France on l'aime, y'a qu'à voir quand on retourne au bled, la France elle est belle, regarde tous ces beaux visages qui s'entremêlent.
Et quand t'insultes ce pays, quand t'insultes ton pays, en fait tu t'insultes toi-même, il faut qu'on se lève, faut qu'on se batte dans l'ensemble, rien à faire de ces mecs qui disent "vous jouez un rôle ou vous rêvez", ces haineux qui disent "vous allez vous réveiller", parce que si on est arrivé, si on est arrivé à faire front avec nos différences, sous une seule bannière, comme un seul peuple, comme un seul homme, ils diront quoi tous ?
C'est du lourd, du lourd, un truc de malade…