Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

dimanche 16 novembre 2014

La part des ténèbres de Stephen King

Pitch de l'éditeur (POCKET) :

Tu croyais pouvoir te débarrasser de moi. Tu pensais qu'avec un enterrement bidon pour mes fans et pour la presse, tout serait réglé. Tu te disais : " Ce n'est qu'un pseudonyme, il n'existe même pas. " Tu te disais : " Fini George Stark, maintenant consacrons-nous à la vraie littérature... " Pauvre naïf ! Ça a dû te faire un choc quand tu as vu la fausse tombe grande ouverte, hein ? Et cette série de meurtres abominables ? Exactement comme dans nos romans ! Sauf que, cette fois c'est réel, bien réel. Non, ne t'imagine pas que tu vas pouvoir te débarrasser si facilement de moi. Je suis ton double, ta part de ténèbres... Et j'aurai ta peau !

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***
Je ne me considère pas comme une fan absolu de Stephen King. Pas comme tous ces lecteurs de la première heure, pour qui toute nouvelle publication reste un événement fondamental et qui connaissent sur le bout des doigts l'ensemble de son oeuvre, l'appréciant d'une manière presque uniforme. Non. Certains de ses romans me sont bel et bien tombés des mains et d'une façon quasi définitive. Pourtant il est sans conteste un écrivain majeur de mon univers, une substance dans laquelle je retombe régulièrement sans possibilité de sevrage. En analysant bien la chose et en considérant une certaine aversion pour la Fantasy (dont Stephen King a contribué avec son mythique cycle de La Tour Sombre et dont nombre de ses romans en sont empreints comme par exemple Le Fléau, considéré comme l'une de ses plus importantes créations et dont le conflit mystique entre les forces du bien et celles du mal m'avait pourtant laissé de marbre, difficile à assumer lorsqu'il est le préféré de son auteur, dixit l’intéressé...), je me suis rendu compte que j'avais simplement, en matière de littérature comme au cinéma, d'un réel et simple besoin d'y croire, d'être convaincu. Doux paradoxe quand justement vous surfez sur la vague du fantastique et de l'horreur.

Ainsi, pour en revenir à La part des ténèbres, rien n'était gagné. Le postulat de départ n'avait vraiment rien pour me convaincre. Un écrivain, Thad Beaumont, qui ne connu qu'un succès d'estime pour ses romans écrits sous son propre nom et qui pour s'affranchir du chantage d'un fan plus clairvoyant que les autres, se décide à faire mourir son double, George Stark (au sens propre comme au figuré, un pastiche d’enterrement avec séance photos à l'appui au coté d'une fausse pierre tombale étant même orchestré), avec qui il connu la gloire pour une série de romans hyper-violents aux antipodes des ses aspirations initiales ; ce dernier, dans un processus mystérieux et ésotérique, prenant vie et, bien décidé à venger cet affront que lui fait son créateur, entame une quête meurtrière dont les modes opératoires ressemblent trait pour trait à ceux de l'anti héros de Stark, Alexis Machine, éliminant tour à tour des proches de Thad plus ou moins mêlés à cette mascarade. Scénario, il faut le reconnaître, plutôt alambiqué.

Pourtant, si vous osez La part des ténèbres, vous serez, j'en suis convaincu, happé comme je l'ai été par la talent de Stephen King a vous emporter avec des histoires aussi biscornues. La part des ténèbres n'est pas reconnu comme l'une de ses œuvres majeures. Pourtant, même si je n'ai pas encore une vue exhaustive de la choses (l'aurais-je un jour ?), ce roman est situé très haut dans ma top liste. Stephen King y parvient avec maestria a vous faire accepter l'impossible, vous conduisant, à l'aide d'ingrédients empruntés au thriller-policier, vers un feux d'artifice final ou la qualité de son écriture accouche d'une véritable anthologie de la littérature d'épouvante. Les descriptions mettant en scènes les moineaux, oiseaux psychopompes, présents tout au long de l'intrigue y devenant aussi effrayantes que jubilatoires.

Mais comme dans beaucoup de ces œuvres, Stephen King propose également dans La part des ténèbres, une seconde lecture. Celle qui montre la difficulté de vivre, lorsque l'on est écrivain, avec le succès presque inespéré d'un pseudonyme créé pour se désolidariser des règles que l'on s'était fixé comme credo indéfectible. Stephen King rend ainsi hommage à son propre double, Richard Bachmnan, sous couvert duquel il écrivit  plusieurs romans (dont Running Man) et dont la supercherie fut dévoilée par un illustre inconnu, un libraire prénommé Steve Brown ce qui amusa beaucoup Stephen King.

AL

Bande annonce de l'adaptation de La part des ténèbres par George Romero :


La part des ténèbres  - Bande annonce VO par _Caprice_



mardi 11 novembre 2014

Etude HADOPI - GLN - IFOP : Usages du livre numérique en France par ID BOOX

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Hadopi et le Groupement pour le développement de la Lecture Numérique (GLN), avec le concours de l’IFOP, viennent de publier une étude de 150 pages sur les usages et les perceptions du livre numérique des français.

Cette étude est unique par la densité des sujets traités. La Hadopi et le GLN ont voulu faire un focus à 360 degrés sur le sujet des ebooks et la manière dont ils s’inscrivent aujourd’hui dans le paysage culturel français.

Nous reviendrons amplement sur la globalité de l’étude dans un prochain article. Mise à jour, la suite de l’article et la vidéo ici
Voici pour l’instant les chiffres clés ressortant de l’étude à la fois qualitative et quantitative.

Chiffres clés

11% des français interrogé se déclarent être lecteurs de livres numériques.

Les personnes ayant découvert la lecture numérique y sont souvent arrivées par opportunité. C’est notamment la possession d’un terminal de lecture (smartphone, tablette ou liseuse) qui a poussé leurs possesseurs vers le livre numérique.

Les avantages économiques, la praticité de la lecture en numérique et la facilité d’acquisition sont notamment mis en avant parmi les atouts de l’ebook.


[...]




Regardez la vidéo de Marianne Serfaty de la Hadopi sur les grands enseignements de l’étude

lundi 20 octobre 2014

Différentes saisons de Stephen King

Ma chronique de la semaine dernière était consacrée au recueil de nouvelles Tout est Fatal de Stephen King dans laquelle je mettais en avant son savoir faire en la matière. Mais au-delà du roman et de la nouvelle, il est un autre domaine pour lequel Stephen King a consacré une part non négligeable de son oeuvre : la novella. Cette hybride, trop court pour être considéré comme un roman mais plus long qu'une simple nouvelle, n'a jamais été la tasse de thé des éditeurs qui l'ont souvent boudée. Pourtant, celle-ci devrait aujourd'hui voir sa popularité remonter en flèche grâce à la littérature digitale avide de format différents, plus courts pour contenter un nouveau lectorat dont le nouveau credo est l’enchaînement, et la perspective de la lecture d'un pavé de 600 pages demeurant pour eux, quasi rédhibitoire.       

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Sommaire:

Espoir, éternel printemps
Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank

Été de corruption
Un élève doué

L'automne de l'innocence
Le corps

Un conte d'hiver
La méthode respiratoire

***

Résumé de l'éditeur (Albin Michel) :

Printemps - l'histoire d'un prisonnier innocent qui prépare l'évasion la plus extraordinaire depuis celle du comte de Monte-Cristo... 

Été - un jeune adolescent découvre le passé monstrueux d'un vieillard et joue avec lui une variante terrible du chat et de la souris... 

Automne- quatre garçons turbulents s'aventurent dans les forêts du Maine, à la découverte de la vie, de la mort et des présages de leur destin... 

Hiver - dans un club étrange, un médecin raconte l'histoire d'une femme décidée à accoucher quoi qu'il arrive... 

Ces quatre récits prouvent triomphalement que le grand Stephen King est capable de transcender l'horreur sans abandonner son style singulièrement entraînant, sa façon imagée de rendre le décor et les personnages, et ses intrigues haletantes, suspendues au bord du gouffre.Différentes saisons : quatre joyaux, d'une lecture irrésistible.

***

L'Amérique ayant toujours gardé une certaine appétence pour le genre, même si, comme le dit Stephen King, les magazines qui lui faisaient la part belle, ainsi qu'à la nouvelle plus courte, ont tous pratiquement disparu, celui-ci n'eut jamais tellement de mal à faire publier ses novellas, dont son oeuvre en fut régulièrement émaillée, les faisant compiler pour convaincre et satisfaire son éditeur, dans un seul et même ouvrage.

C'est le cas de Différentes Saisons, compilation de quatre histoires publiées en 1982, dont trois ont la particularité de ne pas avoir été inspirées par son genre de prédilection, ne comportant aucun élément fantastique, en faisant ainsi un ouvrage singulier de son oeuvre.

L'autre paradoxe de Différentes Saisons est que même sans être des aficionados de Stephen King, beaucoup connaissent au moins l'une des trois premières histoires, ayant accouchées d'adaptations cinématographiques toutes trois remarquées et dont la première Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank a engendré l'une des plus réussie, adaptée sous le titre Les Evadés sous la direction de Frank Darabont ; Le Corps étant devenu Stand By Me en 1986 (dirigé par Rob Reiner) et Un élève doué porté à l'écran par Bryan Singer en 1998. 

Pourtant, même en connaissant l'une ou l'autre de ces histoires, Différentes Saisons conserve un intérêt littéraire indéniable, Stephen  King y ayant porté son savoir faire de compteur d'histoire (Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank est d'une construction diabolique), son génie du rythme (Un élève doué est étouffant de bout en bout) et sa capacité à rendre des personnages d'enfants ou d'adolescents d'une profondeur rare, à son paroxysme.

Ainsi, si vous n'avez jamais lu Stephen King, l'horreur ou la SF constituant pour vous un biais insurmontable, Différentes Saisons est le titre idoine pour le découvrir, le dernier mini roman, La méthode respiratoire, constituant alors une immersion dans son domaine de prédilection, histoire de vous convaincre qu'avec lui, il n'y a point de sous genre. 

A noter, que cette dernière histoire, La méthode respiratoire devrait elle aussi se voir adapter sur grand écran, Scott Derrickson, le réalisateur de Sinister avec en vedette Ethan Hawke, s'étant emparé de ses droits en 2012.

AL


vendredi 10 octobre 2014

Tout est fatal de Stephen King


Cette phrase, tirée de l'introduction de Tout est Fatal, résume assez bien le ressenti que vous aurez si vous y cherchiez une quelconque méthode à l'écriture de la nouvelle. 

Car, si cette forme littéraire, dont nombre d'écrivains en herbe se sont emparés pour se faire la plume, apparaît comme l'exercice idéal lorsque l'on se décide à écrire, elle demeure chez Stephen King aussi magistrale, élaborée, inspirée voire jubilatoire que les plus ambitieux de ses romans. Dans Tout est Fatal comme dans l'intégralité de ces autre recueils, il porte cet art à l'excellence.       

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Table des matières:

Salle d’autopsie quatre
L’homme au costume noir
Tout ce que vous aimez sera emporté
La mort de Jack Hamilton
Salle d’exécution
Les petites sœurs d’Eluria
Tout est fatal
L.T. et sa théorie des A.F.
Quand l’auto-virus met cap au nord
Déjeuner au Gotham Café
Cette impression qui n’a de nom qu’en français
1408
Un tour sur le bolid’
Petite chansseuse


De l'horreur bien sûr, avec un homme qui vit sa propre autopsie en Salle d'autopsie 4, une rencontre avec L'homme au costume noir, l'incarnation du diable ou un tableau maléfique qui se transforme dans Quand l'auto-virus met cap au nord ; de l'heroic-fantasy avec Les petites sœurs d'Eluria tiré de la saga La Tour Sombre mais aussi des thèmes moins inspirés par ses genres de prédilection comme un homme suicidaire dont le principal hobby est de compiler les graffitis que l'on peut lire ça et là dans les toilettes publiques dans Tout ce que vous aimez sera emporté (ma préférée du recueil) ou en s'emparant du mythe de la pièce porte-bonheur dans Petite Chansseuse (la faute est volontaire) ; avec tout de même l'inventivité propre au maître qui laisse toujours une impression d'étrangeté sur chacune d'entre elles.

Ainsi, Tout est Fatal est un joli condensé pour (re)découvrir ce dont est capable Stephen King, avec la satisfaction de pouvoir lire une histoire complète en une seule séance de lecture.

AL

Morceaux choisis :

"L'aquarelle avait changé (le coup au foie). Pas beaucoup mais avait changé de manière indiscutable. Le sourire du blondin s'était élargi, révélant le reste de ses dents effilés de cannibales. Il avait les yeux un peu plus plissés, aussi, ce qui donnait à son visage une expression plus mauvaise et entendue que jamais."

Extrait de Quand l'auto-virus met cap au nord


"Il est arrivé que tu m'agaces, mon chou, mais je pense encore aujourd'hui que tu es quelqu'un de gentil et de tendre, et que tu restera toujours pour moi ma petite pomme d'amour et mon gentil nounours, quoi qu'il m'arrive dans la vie. C'est simplement que j'ai décidé que je n'étais pas faite pour être la femme d'un empaqueteur de jambons. Je ne dis pas ça par orgueil, pas du tout. J'ai même appelé aux Consultations Psy, l'autre jour, et c'est une décision que j'ai eu du mal à prendre, tandis que je restais allongée sans dormir, nuit après nuit (à t'entendre ronfler mon garçon, et je ne veux pas te vexer, mais as-tu déjà dormi à côté d'un ronfleur?), et j'ai eu ce message: 
On peut faire une fourchette d'une cuillère cassée. Je n'ai pas compris sur le coup, mais je n'ai pas renoncé."

Extrait de L.T. et sa théorie des A.F.


mardi 7 octobre 2014

Edito n°2 : Stephen King à l'honneur sur Dandelion !

Comme certains l'avaient compris, Dandelion apprécie beaucoup l'auteur américain spécialisé dans la SF et l'horreur : Stephen King.

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A ce titre, les chroniques le concernant commençant à s'accumuler quand d'autres sont d'ores et déjà en préparation ( les 2 prochains billets consacrés aux maîtres reviendront sur le recueil de nouvelles Tout est Fatal et à celui de novellas Différentes saisons), une page répertoriant l'ensemble des posts de Dandelion dédiées aux maître était devenue indispensable.

C'est aujourd'hui chose faite et vous trouverez donc désormais, dans le bandeau rose répertoriant l'ensemble des rubriques de Dandelion, une page intitulée sobrement Stephen King.

A l'intérieur de celle-ci sont déjà présentes les chroniques de quelques uns de ces romans (22/11/63, Sac d'Os ou encore CA...) et un billet-résumé de sa tournée de novembre 2013 en France.

 Fans de Stephen King ? N’hésitez pas à venir y jeter un œil et partager vos impressions et avis de lecture !

A bientôt.

AL

jeudi 2 octobre 2014

Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes

Poursuite de la découverte des grands romans de la littérature américaine avec un classique de la SF : Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes.

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Pitch de l'éditeur :

Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d'Algernon commencent à décliner... 

***

Lorsque l'on évoque la SF américaine, l'on pense évidement de suite à Stephen King ou Richard Christian Matheson. Pourtant, les auteurs américains sont nombreux, je vous invite d'ailleurs à consulter la page Wikipedia récapitulant les presque 500 auteurs d'outre-atlantique spécialisés dans le genre. Dans cette liste, nous y trouvons Daniel Keyes, chercheur universitaire en psychologie de métier et auteur d'un livre mythique, dont le succès ne s'est jamais démenti, et qui, près de 40 ans après sa publication sous forme de roman, séduit toujours un nombre non négligeable de lecteurs avec plus de 5 millions d'exemplaires vendus.       

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Daniel Keyes, disparu le 15 juin dernier, à l'age de 86 ans, avait initialement publié son oeuvre sous la forme de nouvelle en 1959 dans The Magazine of Fantasy  Science Fiction. Sa forme narrative, succession de comptes rendus écrits par Charlie Gordon, s'avérant idéale. Son succès, le récit ayant reçu en 1960 le prix Hugo de la meilleure nouvelle courte (qui peut être lue dans l'édition augmentée du roman), poussa Daniel Keyes à développer son intrigue et Des Fleurs pour Algernon fut publié sous forme de roman en 1966 et obtint le Prix Nebula du meilleur roman la même année.

S'emparant du thème du cobaye, Daniel Keyes mit toutes ces connaissances à profit pour créer une oeuvre profonde, abordant les thèmes de la double identité (le Charlie Gordon surdoué se confrontant au Charlie Gordon arriéré mental dans un jeu de miroir jubilatoire), de la condition du sujet déficient mental pour la médecine (Charlie Gordon à l'intelligence décuplée est réhabilité à part entière en tant qu'homme mais aspire à ce que le Charlie d'avant ne soit plus considéré comme un semi être humain) ou de la nécessaire acquisition de la maturité affective (l'intelligence pure ne suffisant pas) pour entrevoir une relation amoureuse.

Par le truchement d'un procédé narratif original ; les comptes rendus rédigés par Charlie Gordon, dans lesquels l'évolution de ses capacités intellectuelles se manifeste par les progrès de son écriture (orthographe et grammaire) et par la transfiguration de ces réflexions (la douce naïveté des premières pages faisant place à l'érudition), Charlie, grâce à ces nouvelles capacités intellectuelles, réalisera même sa propre psychanalyse exhumant notamment les traumatismes de son enfance pour mieux comprendre son double.            

Mais alors qu'Algernon semble perdre peu à peu de ces facultés extraordinaires, Charlie décide de reprendre tout le travail entrepris par le Pr Nemur et le Dr Strauss pour comprendre ce qu'il adviendra de lui...

Mythique !

AL

Morceaux choisis:

"Et elle a dit que peut être ils n'avaient pas le droit de me rendre intelligent parce que si Doeu avait voulu que je sois intelligent, il m'aurait fait naitre intelligent."

"Miss Kinnian dit ne t'inquiète pas l’orthographe n'est pas une preuve d'intelligence."

"Maintenant, je comprends que l'une des grandes raisons d'aller au collège et de s'instruire, c'est d'apprendre que les choses auxquelles on a cru toute sa vie ne sont pas vraies, et que rien n'est ce qu'il parait être."

"Je suis comme un homme qui a ét" à demi endormi toute sa vie et qui essaie de découvrir comment il était, avant de se réveiller. Tout surgit étrangement brouillé et comme au ralenti."

"[...] parce qu'il n'est qu'un homme ordinaire qui essaie de faire une oeuvre de grand homme, alors que les grands hommes sont tous occupés à faire des bombes."

"Je n'étais pas son fils. Mais un autre Charlie. L'intelligence et le savoir m'avaient changé."

"On ne peut pas construire une maison neuve sur un emplacement avant de détruire l'ancienne qui s'y dressait, et Charlie Gordon ne peut pas être détruit."

"Qui peut dire que mes lumières valent mieux que ta nuit ? Qui peut sire que la mort vaut mieux que ta nuit ?"

"Il commence à faire froid dehors mais je continue à mettre des fleurs sur la petite tombe d'Algernon"


           
           
               
                    Théâtre : "Des fleurs pour Algernon" adapté sur les planches sur wat.tv
               
           
        




mardi 23 septembre 2014

Ça de Stephen King

Deux œuvres de Stephen King ont tendance à revenir souvent dans la bouche des aficionados du maître lorsque l'on évoque avec eux celles qui les ont le plus marquées : Le Fléau et Ça. Toutes deux publiés en langue original au tout début de sa carrière (1978 pour Le Fléau et 1986 pour Ça), ces deux blockbusters ont pour ma part été au moins rattrapé dans l'anthologie par le plus récent et magistral 22/11/63

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Pitchs de l'éditeur (Editions J'ai lu):

Tome 1:

La terreur s'incarna pour la première fois dans un bateau en papier journal dévalant un caniveau gonflé d'eau de pluie. Un petit garçon courait gaiement à côté. Il s'appelait George et avait six ans... Pris dans un tourbillon, l'esquif disparut dans une bouche d'égout. L'enfant mit un genou à terre, se pencha...

Des yeux jaunes le regardaient, des yeux comme ceux qu'il avait imaginés le guettant dans la cave... « Salut, Georgie ! » fit une voix... Un clown se dressait dans l'égout. Sa main noueuse comme une patte de rapace tenait un lot de ballons colorés... George tendit le bras... Dans la rue, les gens ne virent qu'un gamin en ciré jaune qui hurlait et se tordait dans le caniveau...
Oeil de salamandre, Queue de dragon, Main de gloire, quoi que ce fût, c'était là de nouveau... ÇA ! L'ordure aux cent têtes...

Tome 2:

Horreur et cataclysmes... Tous les vingt-sept ans le cycle reprend. A Derry, ville d'antiques perversions, la violence atteint alors des sommets de fureur. Jetés sur cette trajectoire infernale, sept mômes ont fait le serment de revenir si ÇA recommençait ! Paume contre paume, ils ont signé de leur sang leur promesse... Bill le Bègue, Richie la Grande Gueule, Ben, dit Meule de foin, Stan, Bev, rousse et belle en diable, et tout le club des ratés...

Qu'ont-ils vu, tous, qui aurait rendu un adulte fou ? Quelle chose innommable ? Obscurs souvenirs... Pour les uns momie aux yeux de goudron frais, pour les autres, oiseau-roc monstrueux, lépreux au nez amputé, loup-garou, vampire à la bouche hérissée de lames de rasoir... Tous avatars de Grippe-Sou, le Clown ! ÇA !
L'ennemi aux cent visages...

Tome 3:

Les souvenirs s'éloignent et s'éparpillent comme des cauchemars... Celui de Grippe-Sou, blême et ricanant ! Vingt-sept ans plus tard, le clown est toujours là, prêt à frapper, à réveiller les monstres d'autrefois et leurs danses macabres. A Derry, Bill et ses amis sont revenus, fidèles à leur serment. Mais croient-ils toujours à la magie qui, seule, rend la magie possible ? Sauront-ils imaginer le pieu ou le lance-chiques, capable de tuer l'Alien ?

Pour la seconde fois, ils plongent dans les trous de Morlock. Mortelle randonnée ! Dépouillé de ses masques et de ses colifichets, le clown attend, figé dans les lumières mortes. Dernière illusion ! Chute sans fin dans les rapides de l'effroi... ÇA est là ! Sphinx gluant gluant de pattes et de poils ! Œil hypnotique et reptilien ! Et qui n'a jamais eu peur de ÇA ! Le spectre de nos peurs ancestrales...

***
Stephen King a mis plus de 4 ans pour venir à bout de Ça (9 septembre 1981 au 28 décembre 1985). Une fois le dernier tome refermé, l'impression est qu'il n'y a vraiment rien d'étonnant. Car ce roman, estampillé Frisson/Horreur est bien plus que Ça. Se déroulant sur deux périodes, en 1957-58, pendant la jeunesse du Club des ratés "à l'époque où un enfant pouvait s'extasier pour un bateau en papier" dans laquelle Stephen King  réalise une chronique jubilatoire de la jeunesse en Amérique de la fin des années 1950 puis, à 27 ans d'intervalle (le temps d'hibernation de Ça), en 1985-86 alors que devenus adultes, Bill le Bègue, Richie la Grande Gueule, Eddie l'asthmatique, Ben dit Meule de foin, Stan le juif, Bev la rousse plantureuse  mais sans Stanley n'ayant pas supporté le retour de Grippe-Sous, affrontent pour la seconde fois cette entité maléfique, incarnation du mal absolu qui prend la forme des peurs les plus primaires de ces adversaires et dont seuls l'amitié et la perdurance de leur faculté à croire à l’inimaginable seront leur unique planche de salut, Ça est une brillante réussite du récit raconté sur le mode flash-back, Stephen King passant avec brio (une phrase débutant à la fin d'une époque pour s'achever dans l'autre) et sans la moindre impression de confusion de l'une à l'autre en y ajoutant même des interludes prenant la forme du journal d'un des membres du club, Mike Hanlon, devenu bibliothécaire, pour préciser certains éléments de son intrigue.

Du frisson, il y en a, oui. Mais au delà du summum de toute son oeuvre en la matière, d'un véritable inventaire de l'horreur sous toute ses formes, Stephen King comme à son accoutumé, brosse un portrait de son pays peu recommandable en abordant certains de ses thèmes de prédilection comme les moteurs de la création (Bill Denbrough le bègue est devenu en 1985-86 un écrivain célèbre) la violence enfantine (direct et physique pour la relation de Bev et de son père qui "se fait vraiment beaucoup de soucis pour elle" ou moins évidente chez la mère d'Eddie Kasprak, mère surprotectrice toxique) et la violence conjugale (Bev et son mari) ou le racisme (le récit de l’incendie du Black post) passant de monstres incarnés à d'autres moins visibles mais tous aussi pernicieux.


Beaucoup ont connu Ça grâce à son adaptation TV par Tommy Lee Walace "Il" est revenu diffusé dans les années 1990 sur la chaîne M6 dans une version édulcorée (de sa dimension sexuelle notamment) mais ô combien effrayante lorsque l'on est un préadolescent. Pilier de son oeuvre, Ça méritait sans doute mieux mieux qu"un simple téléfilm et c'est donc tout à fait logiquement que le pavé de Stephen King sera de nouveau adapté, pour le grand écran cette fois-ci, dans un double long métrage d'ores et déjà en préparation par le réalisateur de la série True detective, Kary Fukunaga. 

Ça va refaire parler de lui...

AL

Morceaux choisis:  

"A Derry, la faculté d'oublier les tragédies et les désastres confinait à l'art, comme Bill Denbrough allait le découvrir avec les années."

"Ouai, si on ne peut pas voir à travers le miroir actuellement, nous verrons comme si c'était une vitre après notre mort."

Interview-bilan de Francis Geffard l'organisateur en chef de l'édition 2014 du Festival America de Vincennes

L'interview de Francis Geffard effectué par Vincennes TV. Succès pour cette édition 2014 avec plus de 35000 visites:


Succès pour l'édition 2014 du Festival AMERICA... par vincennestv

jeudi 18 septembre 2014

Le Ciel nous appartient de Brendan I. Koerner

Quelle est la meilleure recette pour pondre un bon polar ?
Soit faire preuve d'inventivité et d'inspiration, soit comme l'a fait Brendan I. Koerner avec Le Ciel nous appartient en s'emparant d'une histoire vraie exceptionnelle.

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Journaliste américain à The Wired, ancien éditorialiste au New York Times et à Slate, Brendan I. Koerner s'était déjà fait remarqué avec Now The Hell Will Star non traduit en français et qui relatait la désertion après le meurtre d'un officier blanc d'Herman Perry, un soldat afro-américain affectée lors de la seconde guerre mondiale dans la zone Chine-Birmanie-Inde et dont les droits ont été acquis par Spike Lee en vue d'une adaptation.

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Second essai et second succès pour Brendan I. Koerner qui cette fois s'empare de l'un des détournements d'avions les plus mythiques de l'histoire de l'aviation américaine, celui réalisé par Roger Holder ancien soldat de la guerre du Vietnam et Katy Kerkow une séduisante jeune femme issue du Midwest américain et dont la rencontre, tels Bonnie et Clyde va bouleverser leur destiné, les conduisant de l'Algérie à la France où ils devinrent de véritables icônes révolutionnaires encensées par nombre d'artistes comme ceux de la Nouvelle Vague.          

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Au-delà, de ce destin d’exception, et c'est ce qui rend l'ouvrage de Brendan I. Koerner si atypique, nous est offert une véritable enquête historique des détournements d'avions américains (même si cela parait aberrant aujourd'hui, certaines années plus de cinquante d'entre eux ont pu avoir avoir lieu) avec de riches détails sur les motivations des différents protagonistes et sur la véritable bataille que ceux-ci créèrent entre politiques et lobbies des compagnies aériennes quant aux actions nécessaires -mais toujours trop coûteuse pour ces derniers - pour les limiter.

Chronique de l'Amérique déchirée sur fond de guerre du Vietnam, conflit diplomatique avec Cuba et mouvement Peace and Love, histoire d'amour improbable et acte de rébellion fondateur d'une destinée inimaginable, Le Ciel nous appartient est un vrai page turner plus à classer dans le récit journalistique que dans la fiction classique, ce qui n'enlève rien à ses qualités tant le travail de recherche de Brendan I. Koerner et les nombreuses références citées lui donnent du corps.

AL

Morceaux choisis:

"En régnant momentanément en maître suprême sur la frontière américaine la plus absolue, ces âmes déchues souhaitaient avant tout recouvrer une certaine dignité. Tant qu'ils pourraient embarquer armés de pistolets, de bombes ou de flacons d'acide cachés dans leurs bagages à main, les pirates de l'air seraient prêts à risquer leur vie de rebelle pour avoir la chance ultime d'en rectifier le cours."

"Aussi, les Américains les plus désespérés imaginèrent-ils d'autres mises en scène pour incarner les héros de leurs propres fictions de rédemption. Les années qui suivirent le Watergate et la chute de Saigon furent jalonnées de faits divers hauts en couleur, perpétrés par des hommes et des femmes au bord du gouffre : kidnappings, explosions de voitures, assassinats de politiciens et de célébrités."

"Hubbard suggérait également que le fait de pointer une arme sur une hôtesse "pourrait bien être le premier acte sexuellement agressif de leur vie"."

lundi 8 septembre 2014

Rentrée littéraire 2014: L'Audience d'Oriane Jeancourt Galignani

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En recevant, dans mon colis de la rentrée littéraire envoyé par Decitre, les épreuves du nouveau roman d'Oriane Jeancourt Galignani, L'audience je l'avais très vite estampillé comme l'un des probables buzz de septembre. Si sa sortie semble se faire beaucoup plus discrète que je ne l'avais présagé, gageons qu'il ressortira du lot dès que la digestion de ces nombreuses publications (607 romans) sera effective.

C'est qu'à l'instar de celui publié par Leila Slimani Dans le jardin de l'Ogre (voir la vidéo de l'auteure dans les liens à la fin de ce billet), le thème abordé dans le second roman d'Oriane Jeancourt Galignani, l'addiction sexuelle, est particulièrement sulfureux.

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Résumé de l'éditeur :

Dans une petite ville du Texas, une jeune enseignante, mère de trois enfants, attend en silence le verdict de son procès.
Qu’a-t-elle fait pour être traînée en justice, et risquer cinq ans de prison ferme ?
Elle a entretenu des rapports sexuels avec quatre de ses élèves, tous majeurs. Un crime passible d’emprisonnement au Texas, depuis 2003.
Mais pourquoi l’accusée, Deborah Aunus, s’obstine-t-elle à se taire ? Pourquoi son mari, combattant en Afghanistan, se montre-t-il si compréhensif ? Pourquoi les déclarations de sa mère l’accablent-elles ?

Au fil d’un récit implacable, écrit d’une pointe sèche et précise, Oriane Jeancourt Galignani tient le journal de cet ahurissant procès où la vie privée d’une femme est livrée en pâture à la vindicte populaire, et sa liberté sexuelle pointée comme l’ennemie d’une société ultra puritaine. Construit à partir d’un fait divers qui a bouleversé l’Amérique, ce huis-clos haletant donne lieu à un roman aussi cru que dérangeant.

***
Après un premier roman (Mourir est un art, comme tout le reste) consacré à la poétesse américaine et grand symbole féministe Sylvia Plath, Oriane Jeancourt Galignani poursuit son cheminement en s'emparant de ce fait divers survenu au Texas et qui donna lieu à la condamnation pour 5 ans de prison de Brittni Colleps, une jeune professeur accusée d'avoir entretenu des relations sexuelles avec plusieurs de ses élèves pourtant consentants et majeurs. Mais les rapports avec l'affaire originelle s’arrête là puisque Oriane Jeancourt Galignani, au contraire d'effectuer une retranscription journalistique minutieuse, a préféré s'en détacher, ne cherchant pas à interroger Brittni Coleps ou les membres de sa famille pour rentrer dans une vrai démarche romanesque. Ainsi, Brittni Coleps devient Déborah Aunus.

D'une écriture au couteau, froide, plus explicative qu'analytique mais sans épargner aucuns détails en multipliant les scènes plus crues les unes que les autres au fur et à mesure que Déborah Aunus déborde toutes les limites d'un jeu sexuel qui va la perdre, Oriane Jeancourt Galignani si l'on on comprend très vite dans quel camp elle se place (de ceux qui ont dénoncé l'aberration de cette justice américaine prompt à envoyer une femme en prison en raison de ses choix sexuels contre ces hommes et femmes, instigatrice de la loi, procureure à l'affût de l'Affaire, jurés sous couvert d'ultra-puritanisme, juge pourtant corrompu par ses désirs, qui l'ont permise) ne juge jamais et laisse seul  au lecteur de choisir où se trouve la véritable obscénité. 
Oriane Jeancourt Galignani aurait fait une bien mauvaise avocate tant il est tentant de condamner cette professeure totalement pommée et son jusque boutisme charnel portant son désir au dessus de tout, sans effort d'explication ou tentative d'absolution. Mais elle est un écrivain de talent et dénombre avec habileté ces incongruités, ces petits rouages d'un moteur judiciaire qui, s'ils se mettent tous en branle peut envoyer en prison, dans une nation pourtant porte parole de la liberté, un individu pour ses préférences sexuelles.  
AL
"Difficile de comprendre ce qui les attire chez ces filles à qui elle n'est jamais parvenue à ressembler, ces filles qui s'octroient le luxe d'ignorer le désir qu'elles suscitent, comme s'il y avait une vie hors de hommes."
Liens:
http://www.transfuge.fr/interview-l-audience-oriane-jeancourt-galignani,236.html






7ème Edition du festival America de Vincennes

Se déroule ce weekend (11 au 14 septembre) à Vincennes, le 7ème festival consacré aux littératures et cultures d'Amérique du Nord. L'occasion de pouvoir y rencontrer parmi de nombreux auteurs français, haïtiens, canadiens et américains, deux auteurs dont les romans se sont particulièrement remarqués en cette rentrée littéraire : Nickolas Butler (Retour à Little Wing) et Philipp Meyer (Le Fils).

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D’AMÉRIQUE ET DE FRANCE

Longtemps la France a rêvé d’Amérique, et ce depuis les premiers voyages de Jacques Cartier dans les années 1530, jusqu’à donner naissance à cette Nouvelle-France qui, à la fin du XVIIe siècle, s’étendait d’un bout à l’autre du continent, d’est en ouest et du nord au sud, de la côte Atlantique aux Grandes Plaines, des rivages de Louisiane à l’immensité  des forêts canadiennes.

On oublie souvent combien la présence française a joué un rôle majeur dans le développement de l’Amérique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Qu’ils aient été commerçants, militaires, missionnaires, trappeurs ou coureurs des bois, les Français ont exploré le continent, dessiné des cartes, fondé des villes, fait du négoce avec les tribus indiennes, baptisé rivières, lacs et montagnes... L’aventure s’est achevée en 1763 avec la perte du Canada puis en 1803 avec la cession de la Louisiane aux Etats-Unis mais, par leur présence, les Français ont donné naissance à une culture riche et plurielle, toujours vibrante, celle de l’Amérique francophone.

C’est cette Amérique que nous avons choisi de mettre à l’honneur en invitant écrivains et artistes venus du Québec, d’Haïti, d’Acadie, de Louisiane, du Manitoba et de la Saskatchewan. Car en plus d’une histoire et d’une culture, nous avons une langue en partage. Aussi avons-nous souhaité la présence d’écrivains français dans les débats et rencontres. Ils ont été nombreux à accepter notre invitation et nous les en remercions.

Nous sommes également heureux de pouvoir, une fois encore, célébrer la richesse et la diversité des littératures anglophones en accueillant des auteurs venus du Canada et des Etats-Unis. Deux pays auxquels les Français sont attachés, deux cultures avec lesquelles perdure cette relation entamée il y a plusieurs siècles.

Grâce à ces auteurs et à leurs lecteurs mais aussi aux éditeurs, traducteurs, journalistes, libraires et bibliothécaires rassemblés à Vincennes pendant quelques jours, cette septième édition d’America s’annonce exceptionnelle et nous souhaitons, une fois encore, que le livre et la littérature soient fêtés comme il se doit.

Francis Geffard et Pascal Thuot


vendredi 5 septembre 2014

Rentrée Littéraire: Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli

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Faire partie de l'aventure de la rentrée littéraire implique, au-delà de pouvoir faire de magnifiques découvertes (Retour à Little Wing de Nickolas Butler, Le bonheur national brut de François Roux), de se retrouver avec entre les mains des livres qui n'auraient eu aucune chance de s'y trouver en temps normal. C'est le cas pour ma part d'Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli, spécialiste de la langue corse qui, après plusieurs ouvrages écrits en langue corse dont le remarqué Murtoriu publié en 2009 et traduit par son ami Jérôme Ferrari en 2012 sous le tire Ballade des innocents, a rédigé ce dernier roman directement en français.

M'apparaissant d'un premier abord comme un OVNI littéraire, Orphelins de Dieu n'est finalement qu'une transposition du mythe du western dans la campagne corse de la fin 19ème siècle. Un histoire de vengeance. Celle de Vénérande une jeune fille vivant recluse avec son frère au milieu de la garrigue, qui pour assouvir sa soif de vendetta convainc Ange Colomba alias L'Infernu, ancien aventurier-mercenaire louant désormais ses services comme tueur à gages. Aussi téméraire que persuasive, Vénérande lui fait épouser sa cause et tous deux partent dans une traque sanguinaire à la poursuite des trois frères Santa Lucia, qui après avoir dérobé les porcs de la famille, ont sauvagement mutilé Charles-Marie ce frère, témoin du méfait, en le défigurant et lui tranchant la langue afin qu'il ne puisse les dénoncer.
C'est alors qu'au grès de leur chevauchée, Ange, à l'orée de sa vie, s'épanche et, dans un habile procédé narratif où, au milieu de leur progression, s’entremêlent en flash-back, les épisodes les plus marquants de son existence passée, de sa jeunesse à la décision fondatrice de refuser la circonscription bonapartiste, menant ensuite au milieu d'une bande de mercenaires les guerillas d'indépendance en Corse, en Italie et jusqu'en Grèce où la frontière entre patriotisme et brigandage est souvent bafouée. 

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D'une écriture transpirant son amour pour la Corse et d'où le lyrisme le dispute à la rudesse et la à plus grande cruauté, évitant par bonheur les longueurs, écueils dans le lesquels il aurait été si facile de tomber, Marc Biancarelli nous emporte dans cette quête épique jusqu'au face à face à final, digne -oui c'est bien cela- des plus grands westerns hollywoodiens.

Tiens, je me ferai bien un petit Sergio Leone moi ce soir...      

AL

Morceaux choisis:

"- Laisse tomber. Je pense que tu es complètement folle. Comme les folles sont plus ou moins sacrées, je t'épargne. Et je te violerai une autre foi. De toute façon, avec tes obsessions homicides, ça m'étonnerait que tu perdes ton temps à me balancer. Maintenant laisse moi partir.
- Mes quoi?
- Tu te feras expliquer ça par quelqu'un d'autre. En plus tu es ignorante. Sans compter que tu n'es pas jolie, mais le plus gros défaut c'est quand même ton ignorance."

 "Dans sa jeunesse, Ange Colomba avait donc fait couler beaucoup de sang, et parfois, aussi, coupé des têtes. Lorsque cela s'était avéré judicieux,, ou qu'il l'avait imaginé de la sorte. Evoquer son nom, c'était évoquer un diable en action, c'était appeler sur soi le mal absolu. Alors ainsi l'appelait-on L'Infernu, l'Enfer, et ce triste anthroponymie avait depuis bien longtemps enfoui dans la plus grande insignifiance sa véritable identité. Sans doute dans une autre vie, avait-il été l'un des plus jeunes contumaces à accompagner les bandes funestes qui avaient désolé le pays, mais le temps des rébellions était passé, et comme nombre de rebelles qui se retrouvent sans solde un beau matin, L'Infernu n'avait dû qu'à sa reconversion comme tueurs à gages de pouvoir encore alimenter les abjectes et innombrables chroniques funéraires."

"Faustin hurla comme une bête lorsqu'il vit le couteau, puis encore plus fort lorsqu'il sent qu'on lui rabotait les oreilles. Mais étonnamment la douleur était moins grande que la peur. L'Infernu avait agi vite, de manière cruelle, certes, mais somme toute assez généreuse, sans s'attarder sur la découpe, tranchant dans le vif plutôt que cisaillant, et de plus il avait une bonne lame, affûté à merveille, pas un outil qui accroche, ou une ripe, et à ce moment-là c'était appréciable. Le sang chaud coulait maintenant des deux côtés de la tête de Faustin le Rat, et il ne criait plus, parce que l'Infernu lui écrasait la bouche d'une main, et lui visait l’œil avec la pointe du couteau de l'autre."



dimanche 31 août 2014

L'édito de la rentrée : l'heure est au changement !

L'heure de la rentrée est arrivée, c'est donc le moment des bonnes résolutions. A l'instar de quelques uns de mes collègues blogueurs (http://www.livredelire.com/), j'ai décidé de quelques changements pou Dandelion.

Tout d'abord, n'ayant pas (encore) pris le pas de migrer le blog sur wordpress ou autre, le design et l'organisation de Dandelion vont tout de même sensiblement changer. Nouveaux visuels, catégories repensées, les prochaines semaines feront l'objet de différentes modifications avec un credo: encore plus de littérature.
Alors qu'à la naissance de Dandelion, j'avais pris le parti de parler autant d'adaptations littéraires que de pure littérature, le temps me manquant et bien plus motivé à l'idée de parler encore plus de livres m'ont contraint à mettre cette rubrique en second plan sans pour autant l'abandonner totalement. Ainsi, quelques billets (moins réguliers) devraient encore l'agrémenter à l'avenir. En revanche chaque semaine fera l'objet d'au moins une critique livre pour laisser la part belle à une activité (la lecture) en pleine évolution et dont la rubrique Littérature 2.0 consacrée notamment au phénomène de la dématérialisation du livre et aux bouleversements que ce phénomène engendre continuera d'en être le témoin.

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  Comme certains l'ont déjà constaté et grâce au groupe Decitre et à son formidable réseau social Entrée Livre d'ailleurs en pleine révolution et qui ont fait de Dandelion un de leur blog ambassadeur dans le cadre de l'opération Coups de cœur des lecteurs VIP de la rentrée littéraire 2014, mon été a été consacré à dénicher les pépites de cette nouvelle rentrée qui voit plus de 600 romans édités. Parmi eux, deux se sont pour ma part déjà fortement démarqués : Le bonheur national brut de François Roux et Retour à Little Wing de Nickolas Butler.

Bonne(s) lecture(s) !

AL

Rentrée littéraire: Retour à Little Wing de Nickolas Butler

Pour se mettre dans l'ambiance:



Grand amateur de littérature d'outre-atlantique mais plutôt des proses urbaines que de celles des grands espaces, j'angoissais un peu à l'idée de me jeter dans la lecture de Retour à Little Wing de Nickolas Butler estampillé ode au Wisconsin dont le nom de cet état du nord provient du mot indien Chippewa "Ouisconsin" qui signifierait "lieu où il y a de l'herbe". Merci wikipedia. Enfin ça c'est en été puisque cet état, assujetti aux Grands Lacs nord-américains, est recouvert par le gel et la neige une bonne partie des saisons froides. "Lieu ou il a de la neige" devait moins bien sonner en Chippewa. C'est peut être également par le choix de la couverture choisi par les Editions Autrement, vous l’avouerez, beaucoup plus métaphorique que celle de l'édition américaine qui fait vraiment référence à son contenu.

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Il ne m'aura fallu que quelques pages, pour qu'angoisse et retenue ne volent en éclat tant l'art de Nickolas Butler de vous faire aimer ses personnages s'y imposent derechef. Hank, un éleveur de vaches laitières, Kip un ex-trader de retour de Chigago, Ronnie ancienne gloire locale du rodéo, victime d'un coma éthylique aux séquelles neurologiques irréversibles et Lee devenu star internationale du Rock and Rool et avatar du chanteur Justin Vernon chanteur du groupe Bon Iver, ami d'enfance de Nickolas Butler. Tous ont un indéfectible attachement à la ville qui les a vu grandir, Little Wing. Même Kip et Lee qui l'ont quittée, ne sont parvenus à s'en détacher. 

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Ode à l'amour ; amour pour sa région du Wisconsin et pour ses personnages envers leur ville de Little Wing, invention de l'auteur en référence à la célèbre reprise de Jimi Hendrix par Stevie Ray Vaughan que vous êtes en train d'écouter, guitariste de génie lui aussi originaire du Wisconsin ; amour pour une femme Beth qui après Little Wing est le second élément cimentant de leur attachement si particulier à une région hostile à beaucoup d'Américains, trou du cul d'un pays où ne vivent plus que des Cul terreux de plus en plus pauvres à nourrir leurs bouches.
Oui c'est l'autre talent de Nickolas Butler, nous faire aimer son Amérique au détriment de celle qui nous faisait rêver, celle des grandes métropoles. Celle aussi de gens simples des Etats méconnus, vide de ce que l'Amérique sait offrir de plus clinquant mais empli d'attachement aux plaisirs simples et aux bienfaits d'une nature encore préservée.

Avec un choix narratif d'une jubilatoire originalité, Nickolas Butler donnant tour à tour la parole aux quatre amis et à Beth épouse de Hank, Retour à Little Wing se veut aussi un véritable essai sur les fondements des liens inaltérables qui peuvent unir quatre amis d'enfance si différents les uns des autres ainsi que le danger pour celle-ci de devoir se mesurer au sentiment amoureux. 

Quel livre !

Morceaux choisis:

"C'est à cause de nous qu'il y a autant de cerfs. Ce n'est pas leur faute. C'est peut être nous qui sommes trop nombreux : trop de voitures, trop grosse consommation de maïs, trop de constructions, empiétant sur les territoires des loups et des coyotes. J'adore les cerfs."

"Laisse la porte ouverte dans une grande ville et tu te réveilles à poil, sans un meuble. Laisse la porte ouverte ici et un coyote vient te demander l'aumône."  

"Puis la ville entière les a entourés en formant une ronde gigantesque où tout le monde frappait des mains, poussait des encouragements et s'embrassait pour ces jeunes époux improbables. Le genre d'enthousiasme débridé qui se forme dans une communauté ensevelie sous la neige et privée de soleil de fin novembre à Pâques."

"Pour moi, c'est ça l'Amérique : des pauvres gens qui jouent de la musique, partagent un repas et dansent, alors que leur vie entière a sombré dans le désespoir et dans une détresse telle qu'on ne penserait jamais qu'elle tolère la musique, la nourriture ou l'énergie de danser.On peut bien dire que je me trompe, que nous sommes un peuple puritain, évangélique et égoiste, mais je n'y crois pas. Je refuse d'y croire."

AL

Liens:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Wisconsin

mercredi 20 août 2014

Rentrée littéraire 2014: Jusqu'ici et pas au-delà de Joachim Meyerhoff

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Joachim Meyerhoff est un parfait inconnu en France. Acteur célèbre en Allemagne il s'était lancé avec succès en 2009 dans une série de one-man-shows autobiographiques "Tous les morts volent haut" comportant 6 pièces et dans lesquelles il mettait en scène sa propre vie. Joachim Meyerhoff a passé une partie de son enfance dans les murs d'un asile psychiatrique dont son père était le directeur.

Fort de ce succès, ainsi que d'un premier roman Alle Toten fliegen hoch: America ayant reçu le prix Franz-Tumler, il décide de mettre dans un roman la matière utilisée dans ces pièces : Jusqu'ici et pas au-delà.

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Dès les premières lignes, on le comprend, Joachim n'est pas un enfant comme les autres. Pas qu'il soit fou comme le sont les pensionnaires de l'asile dans lequel il vit et dont son père est le directeur. Non, car même si ce foyer côtoie la démence, elle n'interfère pas, grâce à une mère dévouée et un père bienveillant. Mais Joachim au coté de deux frères charismatiques doit s'employer pour se faire remarquer et entrevoir la fierté de son père. Frustrations mal placées, accès de colère décalés et fierté incongrue à la découverte d'un mort dans le jardin ouvrier sur le chemin de l'école, oui Joachim est un enfant différent.

Ainsi, dans cette succession de chroniques sur les événements marquants de son enfance, les rapports qu'il entretient avec les patients de l’hôpital et dont certains sont même invités à leur table par le père, Joachim Meyerhoff tisse une oeuvre pleine de sensibilité où l'image du père qu'il idolâtre rayonne et dont la douceur dénote avec la présupposé gravité du quotidien à l'intérieur d'un asile d'aliénés.
Habile dans ses descriptions, à l'opposé du pathos et où l'humour est souvent convoqué (la scène du repas ou trois pensionnaires sont invitées à la table de la famille pour les quarante an du père est tout bonnement hilarante), Joachim Meyerhoff  débite au fil des pages une tendre comédie où son art de la distanciation donne au tout une atmosphère d'étrangeté à la fois touchante et réjouissante qui n'est pas sans rappeler Yann Quéffelec et Les Noces barbares, le tragique en moins. 

Devenu adulte, ayant quitté ce quotidien, un événement tragique le contraint un jour au retour. Et c'est avec une douce mélancolie que Joachim revient sur ce lieu fondateur, marchant dans les pas de ce petit garçon original qui est devenu un homme non moins original.

AL

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Rentrée littéraire 2014: Le bonheur national brut de François Roux

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Le bonheur national brut. Le titre peut rebuter, alors que l'on pourrait s'attendre à un énième essai economico-politique. Pourtant, l'on s'en rend très vite compte, il n'en est rien. Le bonheur national brut est un véritable roman, un majestueux roman. Dès les premières lignes, nous sommes happés par le destin de ces quatre amis bretons (Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy) qui prennent connaissance de leurs résultats au Baccalauréat alors que François Mitterrand vient d'être élu président de la République, nourrissant autant de crainte que d'espoir. Ils font les premiers choix cruciaux, posent à tâtons ou arrogance et certitude les jalons constitutifs de leur futures vies d'adultes. Ils s'éveillent à la sexualité et comprennent leur goût et leur singularité. Politique, monde de l'Entreprise, photographie, comédie, ils vont emprunter des voies bien différentes pour un objectif commun : réussir leur vie.

Et alors que cette phase d'apprentissage s'achève le 19 juin 1984, à l'aube d'un futur qui se promet radieux, tout ne semble plus si évident en 2009 alors que la gauche s’apprête à reprendre les reines du pays.
Tous, sauf peut-être Paul, le saltimbanque, n'auront plus jamais à se soucier d'argent, comblés professionnellement parfois au-delà de leur espérance. Mais y en a-t-il un seul qui puisse dire sans sourciller: oui, je suis pleinement heureux ?

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En nous contant cette attendrissante histoire d'amitié, François Roux entre en littérature d'une manière magistrale. Assujetti à une écriture précise et talentueuse, fort d'une capacité d'analyse de l'âme humaine époustouflante, convoquant l'histoire, son premier roman réussi une magistrale chronique sociétale de la France des 30 dernières années à la conclusion éminemment philosophique.

Morceaux choisis:

"Il mourut trois jours plus tard, exactement le jour des vingt ans de son petit-fils. Benoît ne put s'empêcher de penser que son grand-père avait tenu jusque-là pour établir entre eux un trait d'union symbolique. La fin d'une vie d'homme, le début d'une autre vie d'homme."

"Pour la plupart, l'argent n'est pas uniquement destiné - comme Pierre le faisait - à s'enrichir et dépenser ; il sert en premier lieu à réparer un passé flou et à corriger des peurs."

"Et si le bonheur était la plus grosse arnaque de ce siècle ?"

"Depuis 30 ans, nous naviguons à vue, perplexes, indécis, vers un but que ce monde, lui même déboussolé, nous a clairement désigné en le survendant: être heureux malgré tout et -son corollaire- réussir sa vie.".

"Et si le souci d'atteindre le bonheur était précisément la chose qui nous faisait le plus souffrir."

"Ne pas souhaiter atteindre son but est, en la circonstance et de manière paradoxale, la façon la plus judicieuse de s'en approcher."

#CoupdecoeurRentréeLittéraire2014

AL







Liens:

http://www.lepoint.fr/culture/rentree-litteraire-francois-roux-ou-les-desillusions-de-la-generation-tonton-01-08-2014-1850688_3.php

http://www.rentree-litteraire.com/auteur/francois-roux/