Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

jeudi 30 mai 2013

Nos étoiles ont filé d'Anne-Marie Revol & Où on va papa de Jean-Louis Fournier

Après vous avoir parlé de Deux petits pas sur le sable mouillé et d'Une Journée particulière d'Anne-Dauphine Julliand, une double lecture m'ayant particulièrement marqué (vous l'aviez compris si vous avez lu le billet que j'ai consacré à ces deux livres), en voici deux autres qui leurs font particulièrement écho que je ne chroniquerai pas, mais que je souhaitais tout de même évoquer à la façon "Pour aller plus loin". Il s'agit de Où on va papa ? de Jean-Louis Fournier (Prix Femina 2008) et de Nos étoiles ont filé d'Anne-Marie Revol.

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Résumé:


Ça ne devrait pas être de la littérature, ça ne devrait même pas être un livre. Mais comme tout cela n’aurait pas dû arriver, un texte a été écrit, des lettres adressées à deux petites filles, deux étoiles filantes, aujourd’hui et depuis bientôt deux ans disparues.Fait divers atroce, disent les médias. Il n’y a pas de hiérarchie dans le malheur et, pourtant, en ce matin d’août 2008, la France entière se réveille sous le choc de la mort par incendie de deux enfants, moins de quatre ans à elles deux. On ne fait pas de livre avec ça, répétons-le, sauf si peu à peu le seul moyen de continuer à vivre consiste, grâce à des lettres d’une mère destinées à ses deux merveilles, à les réincarner jour après jour, à les faire précisément revivre. Ce livre hors norme et hors catégorie est avant tout un livre d’amour pour ces deux princesses envolées, et pour leur père aimant, présent, auquel on va s’attacher page après page afin de comprendre l’incompréhensible : comment la force de ce couple aussi pur permet de se sauver. Nos étoiles ont filé est un livre qui évite pathos et complaisance, qui hésite parfois entre rires et larmes, qui se distingue par son aspect unique, sinon ludique, et sa très saine incorrection. Pendant son écriture, un petit garçon est né du même amour. Le texte, cela n’étonnera personne, lui est dédié. Si la littérature ne sert à rien, elle aura au moins servi à cela.

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Résumé:

"Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l ai jamais fait. Ce n était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

Jusqu'à ce jour, je n ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? »
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d eux seulement une photo sur une carte d invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d eux avec le sourire. Ils m ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j ai eu des avantages sur les parents d enfants normaux. Je n ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j ai bénéficié d une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

AL

Liens:

http://www.la-croix.com/Famille/Couple/Anne-Marie-Revol-La-communication-est-essentielle-entre-mon-mari-et-moi-_NP_-2012-10-30-870525

http://www.franceinter.fr/personne-jean-louis-fournier


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mercredi 29 mai 2013

Deux petits pas sur le sable mouillé et Une Journée particulière d'Anne-Dauphine Julliand

Avant de débuter votre lecture, cliquez pour lancer la vidéo.


Marina Chiche - Méditation de Thaïs par Quarouble

J'ai souvent eu l’œil et la critique mauvais pour ce genre de livres.
Ce genre de livres ?

Oui vous savez, de ceux que le libraire ne classe pas dans la catégorie littérature des ses étals mais plutôt dans celles consacrées à l'actualité, aux faits de société ou encore aux essais autobiographiques et autres témoignages.
Ceux-là ne sont habituellement pas à mon gout. J'ai tendance à croire, comme beaucoup de vrais lecteurs assidus comme moi, solides amateurs de littérature et qui selon Philip Roth (lire son interview dans le post que j'ai consacré à Un Homme) sont en voie de disparition ; que ces ouvrages ne sont publiés que pour séduire une catégorie de lecteurs occasionnels, plus attirés par un fait d'actualité ou par le visage de leur présentateur TV préféré. Et pourtant...

Je me souviens très bien le jour où, cherchant les quelques romans qui allaient m'accompagner dans les semaines à venir, je suis attiré par cette couverture sur laquelle, au milieu d'une immense plage comme le littoral français sais nous en offrir à profusion, une petite fille blonde, marche, les bras écartés, les pieds l'uns derrières l'autres comme si elle évoluait sur un fil invisible.

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En me replongeant aujourd'hui dans la couverture de Deux Petits pas sur le sable mouillé d'Anne-Dauphine Julliand, je comprends mieux ce qui m'avait attiré alors, au delà de la beauté intrinsèque de la photo, c'est la ressemblance de cette blondinette coiffée en tresses, comme sait si bien le faire sa magicienne de mère (c'est que j'arrive tout juste à lui faire une queue de cheval digne de ce nom, alors les tresses et autres couettes s'apparentent vraiment pour moi à de la magie...) avec ma propre progéniture.
Je parcours la quatrième de couverture qui valide le pressentiment m'ayant envahi en m'emparant du livre: Thaïs était ravissante et malicieuse.

Et alors que quelques années auparavant, j'aurais reposé derechef le livre, il rejoint aussitôt dans mon panier, les romans de Dennis Lehane, Fréderic Beigbeider et Didier Van Cauwelart, celui-ci me ramenant à ma propre expérience, moins dramatique sans doute, de la maladie.

Dans Deux petits pas sur le sable mouillé, Anne-Dauphine Julliand nous fait partager la courte histoire - mais ô combien riche de joie et d'amour - de la vie de sa fille Thaïs, atteinte dès sa naissance d'une maladie incurable.
Et alors que l'on pourrait s'attendre à un témoignage dramatique et quasi insoutenable, nous ressortons de la lecture de Deux petits pas sur le sable mouillé, avec un profond sentiment d'admiration pour ces parents qui se sont évertués, comme l'a dit l’éminent professeur Jean Bernard, à rajouter de la vie aux jours de Thaïs quand il était impossible de rajouter des jours à sa vie. Et même s'il est parfois difficile de retenir ses larmes à lecture de certains passages, le livre refermé, nous demeurons, pour un temps véritablement rassérénés.
Ce livre est resté longtemps, trônant ostensiblement sur un chevalet en bois ouvragé, sur la rangé la plus apparente de ma bibliothèque, mais pas comme j'ai l'habitude de le faire pour exhiber un ouvrage m’ayant particulièrement marqué, mais plutôt pour ne surtout pas oublier les leçons reçues de la part de Thaïs.

Et alors, que plusieurs mois après sa lecture, il venait de regagner une place plus commune, serré au milieu de ses congénères de papier (pas pour le remplacer par un autre, mais plus prosaïquement, pour le préserver des méfaits du soleil), c'est cette fois le visage rayonnant d'Anne-Dauphine Julliand qui a attiré mon regard en couverture de son second livre qui vient de paraître, en cette fin du mois de mai, Une Journée Particulière.

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Dans ce second témoignage, je retrouve Anne-Dauphine Julliand, une journée particulière, au milieu de sa famille, Loïc, l'homme de sa vie, ses deux fils Gaspard et Arthur mais aussi Azylis, sa seconde fille, atteinte du même mal que sa sœur aînée, Thaïs. Une journée particulière car en ce 29 février, jour qui n'existe que tous les quatre ans, Thaïs aurait dû fêter son huitième anniversaire.
Et alors que j'ai eu tellement de difficulté à lire Alexandre Jollien, que j'admire pourtant tellement, et à faire mien son Petit traité de l'abandon - Pensées pour accueillir la vie telle qu'elle se propose - je me suis abandonné sans aucune réserve à la lecture de cette seconde leçon de vie de la famille Julliand (vous aurez remarqué la similitude de leur patronyme respectif).

Avec un vrai talent d'écriture - qui participe sans aucun doute à ce formidable succès critique et d'édition - cette mère héroïque, avec en fil rouge la façon dont elle et sa famille vont vivre ce jour de souvenir à la mémoire de Thaïs, aborde, avec sa philosophie qui parait pourtant si triviale, mais demeure pourtant si difficile à assimiler pour tout à chacun, des thèmes aussi nombreux que la maladie et sa prise en compte, l’accompagnement d'un proche atteint d'un mal incurable, le quotidien des accompagnants et le nécessaire lâcher-prise indispensable, la poursuite de la vie après la perte d'un être cher, la difficulté de faire perdurer son couple dans un contexte si difficile, la gestion du handicap d'un enfant (Azylis, la sœur cadette de Thaïs  à la faveur d'une greffe de moelle osseuse a vu l'évolution de sa maladie ralentie mais doit vivre avec un lourd handicap) et la difficulté de lui laisser vivre sa propre vie, et enfin son credo, empreint de spiritualité, à continuer à être heureuse en faisant de chaque moment anodin du quotidien un rendez vous à ne pas manquer avec le bonheur. Oui car c'est cela qui est le plus marquant dans ce destin si bouleversant: Anne-Dauphine Julliand est aujourd'hui une femme heureuse.

"Aussi, comme Gaspard, je pense que Thaïs est allée jusqu'au bout de sa vie à elle. Sa vie ne devait pas durer quatre-vingts ans. Juste trois ans trois quarts. Ça n'en est pas moins une existence entière. Nous avons trop souvent tendance à penser, ou du moins à dire, d'une vie trop courte que ça n'est pas une vie et qu'une vie trop longue que ça n'est plus une vie. Je m'interroge alors. A partir de combien d'années et jusqu'à combien de décennies parle-t-on d'une vie ? Est-ce vraiment la durée qui compte dans une existence ? La vie n'est pas qu'un temps qui s'apprécie et se valorise à chaque bougie soufflée. Et je m'en réfère à Abraham Lincoln: "Et à la fin, ce ne sont pas les années qui comptent dans votre vie, mais la vie dans vos années." Or, quand je revisite les trois printemps de Thaïs, je ne peux m’empêcher de penser avec émotion: Seulement trois ans, mais que de vie!"

Grace à Anne-Dauphine Julliand, j'ai fait une énième rencontre fondamentale. Et je ne suis pas ressorti de celle-ci avec de la pitié, de la compassion ou encore de la tristesse mais avec un presque inavouable sentiment de jalousie...

Merci ADJ!

AL

Liens:

- Chanson "Ceux que l'on met au monde" de Lynda Lemay qui fait particulièrement écho au destin d'Azylis:




- 2 interviews (texte) d'Anne-Dauphine Julliand:

http://www.lavie.fr/culture/livres/anne-dauphine-julliand-et-laurence-kiberlain-le-bonheur-malgre-tout-21-05-2013-40475_30.php

http://www.lachaineducoeur.fr/edition/portraits/voir/anne-dauphine-julliand-laquo-deux-petits-pas-sur-le-sable-mouille-raquo-0004

- 2 interviews vidéo d'Anne-Dauphine Julliand:






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jeudi 23 mai 2013

La littérature de genre en numérique

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Après avoir abordé le thème que peut prendre la multiplicité des écrans dans l'éducation de nos enfants, la rubrique Littérature 2.0 de Dandelion revient aujourd'hui, toujours dans le cadre des tables rondes de la 10e édition des Assises du livre numérique organisées au Salon du livre de Paris 2013, sur la littérature de genre en numérique.

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Dans cette table ronde animée par Patrick Gambache, secrétaire général du groupe La Martinière, étaient présents Stéphane Aznar, directeur général des éditions Harlequin, Clément Bourguoin, responsable numérique des éditions du Bélial' et Stéphane Marsan, directeur de la publication des éditions Bragelonne-Milady-Castelmore.

60% des titres numériques vendus le sont dans la catégorie littérature. Au sein de celle-ci, la littérature de genre (SF, Fantasy, fantastique, romance sentimentale, fiction etc) occupe une place prépondérante puisque le numérique peut représenté jusqu'à 10% du chiffre d'affaire pour une maison d'édition comme Harlequin.

Le numérique pour la littérature de genre est aussi le moyen de proposer une disponibilité permanente de certains tomes ou ouvrages.

Pour revivre l'intégralité de ce débat, 2 possibilités:

- Voir la vidéo complète.

- Lire la synthèse.

A vos commentaires.

AL

mercredi 22 mai 2013

Gatsby Le Magnifique de Baz Luhrmann adapté de Francis Scott Fitzgerald

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Après le très remarqué Moulin Rouge ! en 2001troisième et dernier volet de sa trilogie dite du rideau rouge (avec Nicole Kidman et Ewan McGregor en tête d'affiche) et un trou de plus de 12 années ou Baz Luhrmann s'est contenté de 2 publicités, l'une pour Chanel (La Saga Chanel avec Nicole Kidman comme égérie) en 2004 et l'autre pour son pays natal l'Australie en 2008 avec Australia (au casting Hugh Jackman et ... Nicole Kidman ses 2 compatriotes) ou le réalisateur tenta de lui rendre un hommage en forme de saga d'aventure comme Hollywood savait en produire, jadis, à profusion (Lawrence d'Arabie, Ben-Hur...) et s'y attarde encore parfois, de nos jours avec succès (Titanic), le réalisateur revient enfin à ce qu'il sait faire de mieux: mettre en boite (et en musique) la tragédie amoureuse.

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En s'emparant du mythe de Gatsby Le Magnifique, un des romans les plus importants de la littérature américaine rédigé par Francis Scott Fitzgerald, dont c'est la 3ème adaptation cinématographique après celle de 1949 (Le prix du silence) et surtout celle de Jack Clayton en 1974 avec Robert Redford dans le rôle de Gatsby et Mia Farrow en Daisy Buchanan, Baz Luhrmann ravive les joies de ses plus grands fans (dont je fais partie je l'avoue) en se réappropriant encore une fois un drame sentimental, spécialité qui l'a fait connaitre au grand public par le truchement de Romeo + Juliette, l'adaptation moderne et acidulée de l'oeuvre de William Shakespeare et dont la bande originale fait véritablement partie de l’anthologie du genre.

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L'entame de Gatsby Le Magnifique, une fastueuse et clinquante fête dans sa demeure de long Island, ressemblant d'ailleurs étrangement au film qui avait définitivement lancé la carrière de Léonardo DiCaprio (mais pas celle de Claire Danes, qui lui donnait la réplique et que l'on retrouve enfin sous les feux de la rampe avec la série Homeland) où le Jazz des années folles (modernisé tout de même par le rappeur américain Jay Z) remplace cette fois le Rock And Roll de Romeo + Juliette avec un effet clairement moins époustouflant pour le spectateur, et ce malgré le renfort de la 3D, mais c'est sans doute pour laisser ensuite la part belle au jeu des acteurs, magnifié par l'effet, en donnant parfois, sur certaines scènes, l'illusion de véritablement évoluer à leurs cotés. 
Le film, n'en demeure pas moins d'un esthétisme rare, sans en faire des tonnes mais en respectant tout de même le gigantisme de ce parvenu devenu milliardaire dans le simple but de reconquérir l'amour perdu de sa vie, Daisy interprétée par la douce Carey Muligan.

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Avec en fil rouge, un vrai hommage à la littérature, en témoigne la place importante qu'occupe Nick Carraway (interprété par un convainquant Tobey Maguire qui a enfin su sortir de son costume moulant), narrateur dans le roman et qui décide d'écrire l'histoire de Gatsby mais aussi à la création littéraire, les phrases de Carraway se matérialisant ça et là.
Baz Luhrmann parvient ainsi à occulter le film de 1974, moins bling-bling - le cinéma de l'époque n'avait, il est vrai, pas les mêmes moyens techniques - mais plus ambiguë, le Gasby Le Magnifique de 2013 laissant sans doute moins la place à la part de mystère des personnages, comme une offrande au profane.

Baz Luhrman a réussi son hommage au mythe de Gatsby. Avec un film moins faste que ces précédents, mais c'est sans doute de sa part, une profonde marque de respect.

Une question me taraude alors: Quel sera le prochain drame amoureux dont le réalisateur australien s'emparera ?

AL

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jeudi 16 mai 2013

Les grands enjeux de l'édition numérique aux Etats-Unis

Second volet consacré aux thèmes abordés par la 10e édition des assises du livre numérique dans le cadre du Salon du livre de Paris 2013.

Je vous parlais déjà, dans le premier billet de la catégorie Littérature 2.0 de Dandelion du retard pris par la France par rapport aux Etats-Unis en matière de vente de livre numérique tant il est vrai qu'ils apparaissent comme des précurseurs en la matière.

Ainsi, il peut être utile, pour tous les professionnels du livre français d'observer l'évolution de ce marché outre atlantique.


A ce titre, je vous propose de revenir sur la conférence donnée par Bill McCoy le directeur exécutif de l'IDPF (International Digital Publishing Forum) traitant des grands enjeux de l'édition numérique aux Etats-Unis.

Voir la vidéo complète (en anglais non sous titrée).

Lire la synthèse.

A vos commentaires.

AL

mercredi 15 mai 2013

Un Homme de Philip Roth

Ça y est ! Nous y voilà Philip, nous débutons enfin, notre aventure commune, notre parcours, notre collaboration.
Après des années pendant lesquelles tes romans m'ont fait les pages douces dans les étales des librairies, que j'entendais parler de toi en termes dithyrambiques (un des plus grands écrivains contemporains de ces 50 dernières années, l'écrivain préféré des américains, "mais quand vont-ils se décider à lui décerner le Prix Nobel de littérature ?"), et que les titres de tes romans s'accumulaient dans mon carnet Moleskine, l'antichambre de mon programme officiel de lecture (lire le début du billet sur Je reviendrai avec la pluie de Taguji Ichigawa), l'un de tes bouquins s'est enfin retrouvé entre mes mains et sous mes yeux.


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Et l'ironie de la chose veut que ce soit au moment ou tu as décidé de cesser d'écrire que j'ai enfin décidé de te lire.
Tu te demandes peut-être pourquoi maintenant ?
Pour être sincère avec toi ce n'est pas grâce à tous les hommages que peuvent te rendent en ce moment tes exégètes, comme pour rentabiliser une matière qu'ils avaient prévue pour un événement plus radical mais qui tardait à venir.
Non, en fait c'est grâce à un livre. 
Là devant ton écran en train de me lire, je t'image avec sur le visage cette moue d'évidence. 
Pour y répondre, ce livre a en fait été écrit par un jeune auteur suisse, Joel Dicker, jusque-là pas très connu, et s'intitulant La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, livre qui connut en France (et connait toujours à l'heure où je t'écris) un grand succès depuis sa sortie lors de la rentré littéraire 2012 et reçut, de surcroît  deux prix importants, le Prix Goncourt des lycéens ainsi que le Prix du roman de l'Académie Française qui s'ils ne sont pas les plus prestigieux des prix littéraires français, lui confère tout de même une certaine valeur littéraire. Je ne dis pas ça pour te convaincre de le lire (libre à toi) ni pour me défendre de l'avoir lu, ceci fait simplement parti de mon raisonnement.


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Ce livre donc, que tu ne connais pas encore (celui-ci n'est pas encore traduit en américain même si je suis certain qu'il le sera rapidement et que tes compatriotes vont l'adorer), au delà d'être un thriller jubilatoire teinté d'une histoire d'amour tragique (mais j'y reviendrai très rapidement dans un billet lui étant uniquement consacré), est également, je l'ai très vite compris en le refermant et en parcourant les quelques critiques formulées à son égard, un véritable hommage à ton oeuvre.

En effet, nombreuses sont les références et clins d'œil, à tes personnages ou romans. 
J'en cite quelque un: son personnage principal s'appelle Marcus Goldman sans doute en référence au Marcus Messner d'Indignation, celui-ci est né à Newark comme beaucoup de tes personnages, son avocat se prénomme Roth et l'on en trouve bien d'autres, si bien que certains critiques un peu naïfs ou cherchant plutôt simplement à faire un peu de buzz pour améliorer l'audience de leur employeur respectif, l'ont taxé d'être un plagiat d'un de tes livres, La tache dont la trame se rapproche vaguement.


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J'aurais donc du débuter par La tache pour finir de me persuader qu'il n'en était rien. Mais ce dernier faisant parti d'une trilogie (chronologiquement, Pastorale Américaine, J'ai épousé un communiste et donc La tache) et qu'il est de meilleur ton de débuter une trilogie par le tome I, mais restant farouchement décidé à entamer le cycle Philip Roth, j'ai donc recherché un autre roman de ton oeuvre qui demeurait de préférence assez récent (quand je lis un écrivain pour la première fois, j'ai tendance à m'intéresser à ce qu'il a fait de récent avant de revenir à l'essentiel de son oeuvre) et de préférence assez court, celui-ci devant être lu pendant une semaine de vacances au soleil et où le temps serait donc compté.
Et lorsque que l'on a comme moi, la chance et le privilège, d'avoir Frédéric Beigbeider comme conseiller-critique (je ne fais plus confiance à mon libraire qui tente de placer ses invendus), me conseillant allègrement Un Homme roman court, le vingt septième que tu as rédigé et qu'il place lui, au trente-septième rang de son panthéon littéraire (ses 100 livres préférés).

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Voilà Philip, désormais tu connais le fin mot de l'histoire et maintenant je vais te demander d'en arrêter ici ta lecture puisque je dois maintenant parler d'Un Homme et que ceci n'a d’intérêt que pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui l'on déjà lu et qui veulent savoir ce que j'en pense ou qui n'ont pas l'intention de le lire mais qui veulent savoir de quoi il est question enfin en tout cas pas à celui qui l'a écrit...

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Un Homme de Philip Roth c'est l'histoire de...
Enfin ce roman retrace la vie de....
Comment s'appelle t'il déjà....
Mais où est ce livre... Ah oui le voilà, attendez une seconde...
Donc ce roman dépeint l'existence de...
Mais bon sang ! Grrrrrrrrrr

Et bien il a fallut que j'écrive ce billet pour m'en rendre compte, le personnage d'Un Homme n'est en fait pas nommé dans le roman. Il n'a ni prénom, ni nom de famille, omission tout à fait volontaire de Philip Roth pour démontrer que son personnage a en fait une destinée commune à tous les individus, qui est la mort, idée accentuée par le choix du titre original du roman Everyman soit "chaque homme" en traduction littérale.

Ainsi, Philip Roth nous propose le récit de la vie de cet homme, fils d'un immigrant juif devenu bijoutier, publicitaire à succès dans une agence de New York, marié trois fois (trois échecs cuisants) dont une avec un top-model danois, dont il gardera tout de même deux fils (qui ne lui pardonnent pas son premier divorce) et une fille Nancy (sans doute la vrai femme de sa vie) qui le chérira jusqu'au bout. Il a également un frère, Howie, homme d'affaire talentueux à la santé de fer, qu'il perdra peu à peu de vue au moment ou la maladie l'accablera, supportant mal de devoir se jauger à lui.

Autre élément original, le roman débute par l'enterrement et remonte, pas toujours chronologiquement, le fil de sa vie, jalonnée notamment par ses différentes rencontres avec la mort et son rapport à la maladie. Et malgré cela, la lecture du roman se fait de manière très fluide, car, autre prouesse de Philip Roth, le livre n'est pas séparé par des chapitres mais est écrit d'un seul jet.
Ainsi, si vous vous lancez dans la lecture d'un Homme, vous aurez alors certainement comme moi, une fois le livre terminé, l'envie de relire les premières pages, le fait de connaitre la vie et les rapports qu'il a entretenu avec les protagonistes présents à son enterrement conférant un nouvel attrait à celles-ci.

Pour terminer, je dirais que malgré les thèmes abordés par le livre (le caractère inéluctable de la mort, le rapport de l'homme et de son corps, l'expérience de la maladie), Un Homme est un roman qui, quand on à la chance comme moi de le lire à un age assez jeune, donne pourtant une profonde envie de vivre et de profitez à fond de cette étincelle presque qu'incongrue en rapport à l'immensité de l'univers, qu'est notre passage sur cette terre.

Alors VIVONS ! mais gardons tout de même un peu de temps pour lire d'excellents romans comme Un Homme qui pour ma part fut un excellent point d'entrée dans l'oeuvre de Philip Roth et m'a donc préparé de façon idéale à la trilogie de "Newark".

 Carpe diem !

AL

Liens:

- Interview de Philip Roth par Télérama au moment de la sortie d'Un Homme

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mardi 7 mai 2013

Innovation numérique: Max Gallo, Une histoire de la deuxième guerre mondiale - 1941 : le monde prend feu

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Les amateurs d'histoire connaissent assurément la série d'essais historiques de l'historien Max Gallo consacrée à la seconde guerre mondiale Une histoire de la deuxième Guerre mondiale et qui retrace en 5 tomes (1940 De l'abîme à l'espérance, 1941 Le monde prend feu, 1942 Le jour se lève, 1943 Le souffle de la victoire, 1944-1945 Le triomphe de la liberté chez XO éditions) les grands moments du dernier conflit mondial.

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Fort du succès populaire que cette série à rencontré, XO éditions, en collaboration avec StoryLab a entamé en 2012 la réédition de celle-ci, au format numérique.

Ainsi, le 31 mai 2012 fut lancé le premier tome, 1940 De l'abîme à l'espérance enrichi de films puisés dans les archives du fonds Gaumont Pathé.

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Les séquences de films, volontairement courtes et fortes, ont été insérées dans le texte dans le seul but d'appuyer la puissance du récit par celle de l'image, tout en veillant à ne pas interrompre l'expérience de lecture de l'ouvrage qui reste un "livre".

En appui de la lecture, nous pouvons ainsi découvrir des séquences d'images, pour certaines inédites, illustrant les grands moment de cette année 1940 (les premiers discours de Hitler, l'évacuation des soldats anglais à Dunkerque, l'entrée des allemands dans Paris etc).

Le second tome, 1941 Le monde prend feu, qui fut présenté par Edith Leblond (XO éditions) et Nicolas Francannet (StoryLab) aux dernières assises du livre numérique organisées au sein du Salon du livre de Paris 2013 sera lui aussi bientôt disponible prochainement dans sa version numérique enrichi (EPUB) sur l'iBOOKS Store.

Une preuve, parmi d'autres (que je ne manquerai pas de vous faire partager dans la rubrique Littérature 2.0 de Dandelion) de ce que le numérique peut apporter à la littérature traditionnelle.

AL

Liens:




mercredi 1 mai 2013

Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa

Il m'arrive parfois, dans mon parcours de lecture, de donner leur chance à des livres assez éloignés de mes goûts habituels, de prendre un "risque" et d'intercaler un intrus dans la liste pourtant toujours bien fournie de mon programme de lecture (à ce jour et à titre indicatif les prochains romans sur lesquels j'ai jeté mon dévolu sont dans le désordre La tache de Philip Roth, Les Visages de Jesse Kellerman, Le Monde selon Garp de John Irving, Oh de Philippe Djian et un Tom Wolfe qui sera Bloody Miami ou le Bûcher des vanités).

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Ce genre de pari se solde parfois par un échec cuisant ; je me refuse de créer dans ce blog une catégorie des déconvenues ou plutôt des livres m'ayant profondément déplus mais je dois tout de même vous parler de l'incroyablement navrant Level 26 d'Anthony Zuiker qui ose nous vendre une (très) mauvaise écriture scénaristique à peine supportable pour de la littérature et que je vous conseille donc de fuir à grande enjambé ou de brûler (l'autodafé peut aussi être un bienfait pour l'humanité)  si par malheur un des 3 tomes (et oui Zuiker a réussi la prouesse de faire durer notre supplice 3 tomes) serait présent dans votre bibliothèque afin d'absolument éviter que les gens que vous aimez, voire pire votre descendance n'ai l'idée de le lire et ne l'associe à vous ; ou de bonne surprise comme le livre dont je vais vous parler Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa.

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 Je n'avais pas énormément de référence dans le domaine de la littérature japonaise, j'avais bien en tête Kenzaburo Oe, le prix Nobel de littérature 1994 mais sans l'avoir jamais lu et ma seule autre référence était le roman Ring de Kôji Suzuki (considéré comme le Stephen King japonais) qui donna une adaptation japonaise cultissime et une autre américaine, un peu moins bonne, avec notamment Naomi Watts au casting, pour une histoire terrifiante de cassette vidéo maléfique qui vous donne la mort si vous avez le malheur de la visionner.

J'avais également en tête que la littérature japonaise contemporaine s'était fait comme précepte de mêler réalité quotidienne et fantastique, chose que me rappelait bien la quatrième de couverture si je l'avais oublié.

Et je crois qu'après lecture de Je reviendrai avec la pluie l'on peut dire du roman de Takuji Ichikawa qu'il rentre parfaitement dans cette spécialité, tant son histoire semble crédible, et ce, malgré un postulat de départ ô combien fabuleux de la résurrection après la mort et qui se rapproche un peu de celui du roman Et si c'était vrai avec lequel s'est fait connaitre Marc Levy, qui peut gêner, pour l'avoir beaucoup entendu de leur bouche, certains lecteurs réticents à la SF, jusqu'à les perdre.

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Celui-ci est pourtant vite accepté et intégré tant l'histoire d'amour que nous narre Takuji Ichikawa lui prend le pas pour n'en faire qu'un élément annexe du roman, du moins pas dans la forme mais plutôt dans le fond, qui donne à cette histoire d'amour un caractère d'urgence, puisqu'elle devra s'achever à la fin de la saison des pluies.
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Avec des personnages attachants et tous originaux, Tak-kun le père fragile et hypersensible qui fait ce qu'il peut pour élever son fils tant bien que mal après la mort de son épouse Mio, Yûji son fils de 5 ans, collectionneur de boulons, vis et éléments de quincaillerie en tout genre, un peu dur de la feuille (vous saurez par quel petit malheur en lisant le livre) et qui doit grandir plus vite que prévu pour soutenir son père, ou encore Pooh un chien hirsute, sans corde vocale et qui ne peut émettre comme seul son qu'un "~?", soutenu par une écriture simple, pleine de surprises et d'humour (La pluie, pareille aux pièce dégringolant d'un bandit manchot qui aurait atteint le jackpot, ne savait pas quand s'arrêter.), Je reviendrai avec la pluie fut donc pour moi un vrai pari gagnant pour ce conte merveilleux qui montre le caractère unique de l'amour véritable ("Tous, nous continuons sans relâche à chercher cette unique partenaire") et la nécessité de parfois, savoir lui survivre ("Il faut bien vivre. En dépit de toutes les séparations, en dépit de tous les exils ....").

AL

Liens:

La bande annonce de son adaptation japonaise (en japonais):
Merci à Mathilde Bouhon (@bystrouska).


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