Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

mercredi 20 novembre 2013

Ligne 4 d'Adrien Lombard

En ce mois de novembre, le slam est à l'honneur. Car même si l'euphorie est un peu retombée depuis 2007 et son avènement aux Victoires de la musique de la même année (relire le billet sur Patients de Grand Corps Malade) la sortie d'un album de l'une de ses têtes de file est toujours un événement. 

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Avec Funambule, Grand Corps Malade sort son 4ème opus et même si celui-ci - c'était déjà sans doute le cas pour le précédent Troisième Temps - a sans doute perdu en puissance (je veux parler des textes, aux thèmes globalement moins graves), il lui permet de se renouveler grâce à des arrangements originaux et des collaborations toujours plus prestigieuses. Mais de cela, j'y reviendrai bientôt.
Plus personnellement, il me rappelle que c'est aussi par cet art que j'ai écrit mes premiers textes personnels dont un pour qui j'ai une affection particulière et que j'ai décidé d'exhumer aujourd'hui. Celui-ci s'appelle Ligne 4.

Je veux t’emmener en balade
Et même si d’un premier abord celle-ci va te paraître un peu fade
Fais-moi confiance et laisse-toi guider dans cette promenade extraordinaire
Qui sans t’entraîner sur des kilomètres ni emprunter la voie des airs
Va pourtant te transporter
Vers de singulières contrées
Car nous allons ensemble revisiter des territoires
Des lieux mythiques, magiques, teintés d’histoire
Et pour ce faire pas besoin de te ruiner
Car le vecteur de ce voyage un peu particulier
N’est autre que ce transporteur souterrain
Des profondeurs de la ville ou plutôt de ces viscères
Ce ver vert et blanc de fer et de verre
Qu’à l’origine on appelait le Métropolitain
Et plus précisément de cette ligne que je connais si bien
Devenue le compagnon de mon quotidien
Alors prépare toi, saisis ces mots quatre à quatre
Et traverse avec moi cette ligne du métro de Paris qui en vaut quatre
Tu m’as peut être vu venir aujourd’hui c’est moi le pilote sur la ligne 4

Nos deux premières étapes vont nous permettre de rendre hommage
A deux valeureux meneurs d’hommes qui tout au fond des ages
Protégèrent héroïquement et jusqu’à l’indicible
Leur patrie assiégée par l’ennemi dont ils étaient la cible
Alors arrêtons-nous un instant à la station Alésia
Et pour ce mythe avec moi recueille-toi un chouia
Souviens-toi de cet homme qui combattit César et son armée pléthorique
Et ne rendit les armes, qu’encerclé et affamé, le grand Vercingétorix

Au milieu de la place Denfert-Rochereau
Un lion colossal témoigne des exploits d’un autre héros
Qui parvint à défendre victorieusement les siens
Et sa ville de Belfort contre l’envahisseur prussien
Son exploit fut tel que pour son courage de plomb
A l’ancienne place d’Enfer on lui donna son nom
Cette place nous permet aussi une visite
Nous mutant soudainement en organisme lombric
Alors plonge avec moi et découvrons ce monde
Fait de tombes de décombres et où règnent les ombres
Prends ton temps, inspecte de fonds en comble
Et enfin succombes pour les sombres Catacombes

Maupassant Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir
Serge Gainsbourg, Georges Sand et Charles Baudelaire
La station c’est Raspail et elle nous permet d’entrevoir
L’esprit de ces poètes qui semble encore embaumer l’air
Alors errons un moment dans ce cimetière du Montparnasse
Qui nous rappelle au bon souvenir de ces génies du verbe
De toutes ces plumes sèches jadis touchées par la grâce
Qui ici c’est un comble sont encore mangées par les « vers »

Notre nouvelle halte t’oblige à un choix cornélien
Nous venons de déboucher de la Station Vavin
De ces deux fameux comptoirs il te faut choisir ton camp
Comme les Montparnos durent le faire en leurs temps
Le Dôme aux atours Art déco et ses délices de la mer
Prisé à l’époque par Claudel, Hemingway ou bien Henry Miller
Ou la Coupole et son dancing qu’affectionnait tant la Baker
Et où Giacometti, Picasso ou Dali aimèrent lever leurs verres

Nous stoppons maintenant à Montparnasse Bienvenüe
Et après avoir compris le clin d’œil pour son concepteur
Abandonne encore le métro tu ne seras déçu
Sors, lève les yeux mais rassure toi il y a un ascenseur
Qui te mènera tout droit jusqu’au « Ciel de Paris »
Ou s’offrira à toi, c’est sûr, une des plus belles vues de ta vie
           
Après un crochet par la rue de la Gaîté et ses nombreuses attractions
Ces restaurants, ces salles célèbres et son rideau de la tentation
Continuons notre périple nous amenant à St Placide
Ferme-les yeux un instant sois tranquille je suis ton guide
Pour te mener au cœur de ce parc aux riches atours
Où trône un joyau florentin, le jardin du Luxembourg
Rouvre les yeux et entame cette ballade sur cette enclave de Toscane
Oublie le macadam et flâne au milieu des ses dames sans âme
Qui t’accompagne dans ce calme voyage en pays de Cocagne
Salue la mécène de ces lieux au pied de la fontaine portant son nom puis gagne
Cette place de la mémoire où nos grands Hommes ont entamé leur dernier somme
Pendant que non loin d’autres prennent forme sur les bancs de la Sorbonne

Lâché désormais à Saint Germain-des-près
Ici, aie bien conscience de où tu mets les pieds
Car tu pénètres sur le noble et fertile terrain des germanopratins
Depuis des lustres célébrés comme le village des écrivains
Et même si le quartier a sûrement perdu de sa magie d’antan
Si les boutiques et les libraires ont disparu depuis longtemps
Contribue avec moi à faire taire les sceptiques et réfractaires
Imprègne-toi de cette atmosphère encore marquée par le sceau littéraire
Et viens voguer comme moi sur les chemins de l’inspiration
Arme-toi d’une feuille de papier et de ton plus beau crayon
Et Installe-toi à l’une des tables du légendaire café de Flore
Et lentement, avec patience, laisse donc les rimes éclorent

Envie d’un bon resto d’un verre ou d’une bonne toile
C’est alors vers Odéon que nous devons faire voile
Mais avant de profiter des atouts de ce quartier si vivant
Colonisés par l’étranger et pléthore d’étudiants
Salut un des acteurs majeur de la révolution
Et de notre patrie initiateur de la République
A l’aplomb véritable mais au destin si tragique
Erigé place de l’Odéon, reconnaissez Danton  

Ce monument que l’on distingue à peine débouchant du tunnel
Vers qui la foule s’amoncelle dans ce perpétuel rituel
Et trône solennel c’est la fontaine Saint Michel 
Elle constitue le point de départ d’une promenade essentielle
Qui nous permet d’admirer successivement
Ces lieux qui depuis toujours nous parlent tant
Passons au pied de la mystique Notre Dame 
L’une des Sept merveilles de Paname
Puis consolons l’antique Pont Neuf
Depuis peu, de ses amants, devenu veuf
Longeons le quai de Conti et ses bouquinistes
Et après un instant méditatif devant l’institut de France, en piste
Pour la traversée de la passerelle des Arts
D’où les toiles des peintres inexorablement se parent
Avant de déboucher au milieu de la cour carrée
Jetons un dernier œil sur l’Ile de la Cité
Et contemplons la majestueuse Pyramide du Louvre
Couvant fièrement ses innombrables œuvres telle une louve
Assis au milieu des sculptures du jardin des Tuileries
Considère pour finir, ce cadeau de Méhémet Ali
Dressé au beau milieu de la place de la Concorde
Là, où une avenue un brin connue, déborde

Notre nouvel arrêt sans intérêt au premier abord
A pourtant le mérite de battre des records
Alors, bravo à toi si tu t’extirpes de ses humaines ondes
Car tu es au cœur de la plus grande station du monde
Mais c’est tout de même un peu plus qu’un flipper original
Ose donc braver les dangers de la station Châtelet-les Halles
Et à toi l’accès au Louvre de la populace
Le temple du shopping, l’énorme Forum des Halles

Une énième escale par l’ancien Temple des Templiers
Ou par le Marais le nouveau quartier « gay »
N’oublions pas non plus la méconnue Porte Saint Martin
Au moment où notre périple touche à sa fin
Mais maintenant il faut penser à recueillir les souvenirs
Alors, viens avec moi, je t’emmène au marché des plaisirs
Au cœur de ce quartier de la Goutte d’or
Qui rebute certains mais crois moi ils ont bien tort
Car de Château d’eau ou du métro Gare du Nord
C’est le meilleur moyen pour remplir ta malle de trésors
Le marché Barbes c’e n’est pas que le marché aux voleurs
Ecoute et renifle c’est aussi le carrefour des couleurs
Où les mots et les étals ont un doux parfum exotique
Venus, de Chine du Maghreb ou du cœur de l’Afrique   
C’est cette France là que j’aime, cette France multiculturelle
Ou les communautés se respectent et évitent les querelles

Nous voilà à la fin de cette balade illusoire
C’est bientôt le moment de sortir les mouchoirs
Mais comme je ne veux pas te décevoir
J’enfile encore le costume de faire-valoir
Et au sortir de la station Château-Rouge
Vais te faire profiter de ce faubourg pas farouche
Où les femmes ont tombé leurs airs de Sainte-nitouche
Et dévoilent leurs atouts dans la « féerie » du Moulin Rouge
Pour finir grimpons tout en haut de ce perchoir
Au cœur de cette sacrée butte allons donc nous asseoir
Face à ce céleste panorama s’offrant à nos regards
C’est ici que j’ai choisis de te dire au revoir
Mais s’il t’est difficile de tourner la page
Je t’invite à accomplir toi-même ce voyage
Alors fonce chez ce voyagiste si décrié
Et oui je parle bien de la RATP
Prend ton ticket évite les détours
Et plonge dans les méandres de Paris et les couloirs du temps
Qui te mèneront ainsi de la porte d’Orléans

A celle… de Clignancourt

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