Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

samedi 4 janvier 2014

Itinéraire d'un poète apache de Guillaume Staelens

Ceux qui ont lu les trop rares (las, je ne respecterai donc jamais ce foutu planning !) derniers billets de Dandelion auront compris que j'ai entamé, depuis quelques temps, un cycle ayant pour thème les grands romanciers américains. Je m'en suis déjà expliqué dans le post consacré à Running Man. La venue de Stephen King en France en novembre dernier a un peu chamboulé mon planning mais je l'ai déjà dit Stephen King fait assurément partie de cette bande. C'est donc de manière tout à fait paradoxale que le premier roman chroniqué en 2014 est un roman écrit par un auteur français, même s'il me rappelle que j'ai du sang belge qui coule dans mes veines.

S'il est bel et bien français (la quatrième de couverture le prouve imparablement, Guillaume Staelens serait né en Seine-Saint-Denis et pourquoi donc un éditeur aussi respectable que Viviane Hamy nous mentirait ?), son roman ne l'est pas du tout. Mon paradoxe n'en n'ai donc pas un et c'est avec un réel plaisir que je poursuis mon cycle infernal (c'est bien le mot, je ne suis pas sûr d'avoir assez de l'année 2014 pour en venir à bout, privilège du lecteur mur qui a enfin trouvé sa "littérature") avec ce roman "américain" au titre évocateur Itinéraire d'un poète apache.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

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Résumé de l'éditeur:

Élevé par une mère indienne, marqué par la désertion de son père – lui-même fils d’un richissime avionneur WASP –, Nicolas Stanley ne se sent nulle part à sa place. Élève brillant, il rejette violemment son milieu et l’école où il se sent à l’étroit. Il dévore Poe, Melville, Thoreau, Stephen King, s’abreuve aux comics, au rock, au cinéma, dessine sans trêve. Avide des autres et de l’inconnu, il multiplie les fugues. Dans un café du quartier branché de Seattle, il croise une artiste d’origine vietnamienne, homosexuelle et de dix ans son aînée, à qui il ose montrer son travail. Elle lui ouvre les portes de l’art alternatif, du grunge, de la révolte. L’amour fou, qu’ils découvrent ensemble, sera le territoire de leur liberté. Mais l’innocence de l’un et les déchirements de l’autre les font dériver vers les limbes des drogues et de l’alcool. Nick, pourtant, récuse cette autodestruction. Il quitte Pearl-Janis.

Revenu dans le giron maternel, il rejoint la fac, s’immerge dans ses études d’anthropologie, comme un hommage à ses ancêtres Nez-Percés. Mais sa soif des confins lui fait suivre l’appel d’une sirène québécoise, aussi rousse que Tori Amos. Il part vers le Nord et ses Inuits. Vancouver, Montréal, le Yukon, les aurores boréales, la dèche, les désillusions, la déception. Dessins plus noir que blanc, musique des abysses.

Sa première proposition de travail lui offre l’apprentissage des terres du Sud. En quête perpétuelle de ses origines, le poète métis dessine toujours, inscrit ses marques dans la Latina, traverse l’Argentine – en rêvant de La Patagonie –, le Mexique, l’Uruguay, le Brésil, où il rencontre Mariam, avec qui il fera un enfant. Serait-ce la sérénité tant recherchée ?

Mais la fureur du monde et ses démons le rattrapent. Jusqu’où devra-t-il aller pour assouvir son désir de vivre, enfin, ses désirs de connaissance et de renaissance ? Quels murs doit-il abattre pour être en accord avec ses convictions ?
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Itinéraire d'un poète apache, un roman qui sent bon l’Amérique

"Nick possèdait toujours sa belle colère, qui me plaisait tant . Il suffisait de canaliser cette énergie afin de la transformer en énergie créatrice." 


Il y a tant d'Amérique dans le roman de Guillaume Staelens. Sa relation avec son premier professeur de lettre Grégory Izersky fait écho avec une autre, celle de Marcus Goldman et Harry Québert son mentor, dans un autre roman américain, La vérité sur l'affaire Harry Québert, écrit cette fois ci, pas par un auteur français au patronyme belge mais par un écrivain, suisse, Joel Dicker. Il m'évoque également ce professeur déchu, Nathan Zuckerman dans La Tache de Philip Roth. Son road-movie vous rappellera évidement le Sur La Route de Jack Kerouac et son périple en Colombie-Britannique trouvera une divine prolongation dans la lecture de Canada de Richard Ford. C'est la prouesse de l'auteur de ce premier roman pourtant tellement abouti ; il nous plonge dans cette univers délectable, du moins, si vous êtes un tant soit peu américanophile.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Son roman dont la seconde partie n'est plus narrée par Grégory Izerski mais Nicholas Stanley lui même, est écrit comme un carnet de voyage (ou plutôt un carnet de vie), sans aucun véritable dialogue. Guillaume Staelens ne dévie jamais de sa ligne directrice, son écriture demeure de bout en bout précise, soignée toujours à la recherche du bon mot, de la formule adéquat, de la citation appropriée. Inspiré de la vie d'Arthur Rimbaud poète anti-conformiste aux idées libertaires et rejetant la société bourgeoise de son époque Guillaume Staelens transpose la seconde partie de sa vie aventureuse et pérégrinatoire, dans celle de Nicholas Stanley, élève brillant, dessinateur de talent dont il refusera plusieurs fois d'en faire son métier qui choisi une vie sans aucune contrainte faite de découverte des contrées les plus lointaines et subversives et parfois dangereuses de tout le continent américain. En fil rouge, Guillaume Staelens nous sert une vrai chronique sociétale des années 1990 à nos jours par le truchement de l'évolution artistique, musicale (ce livre si vous prenez le temps de l'écouter n'en sera que des plus délectable), économique et sociale.

Les gamins n'achetaient plus de CD, ils pillaient le passé. Le travail de sape se poursuivait avec méthode. Un poème ne valait pas plus cher qu'un SMS, plutôt moins. [...] La fin de la culture n'était qu'une affaire d'années. [...] Le monde pouvait vivre sans poète, une option envisageable. L'Amérique des années 2000 en était le laboratoire, dans ce domaine comme dans tant d'autres. [...] Elle s'étendrait bientôt du berceau jusqu'au tombeau. Un Watergate à l'échelle du genre humain en quelque sorte, et qui n'émouvait personne.

Guillaume Staelens nous prévient : la culture va mourir ; et la liberté est déjà morte, il n'y a plus de place aujourd'hui pour les rêveurs contemplatifs - amoureux du monde dans toute sa magnificence, dans toutes ses imperfections et bouleversements permanents - en quête d'appropriation, sauf à l'image de Nicholas Stanley, à devenir un paria.

Le choix du titre vous apparaîtra peu judicieux, trompeur voire mensonger ? Nicholas Stanley n'est l'auteur d'aucun vers ? Il n'a à peine croqué que quelques dessins, art très vite abandonné dans sa quête ? Non. C'est toute sa vie qui est un poème, une élégie.

AL

Liens:


Guillaume Staelens - Itinéraire d'un poète apache par Librairie_Mollat




http://www.humanite.fr/premier-roman/547813


And now, don't waste your time and will to read a fucking book !!!

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