Et bien voilà, les vacances sont (déjà) terminées...
Au revoir soleil gardois qui semble tout de même m'avoir suivi, plus de 30°C sur Paris cette semaine et combien de plus dans le métro - penser à la douche fraîche, au brumisateur et à le feuille de menthe demain matin - ; au revoir plages du Grau du Roi et les hanches rougies de ma Reine ; au revoir tintement des cigales - la BO officielle de mes vacances, remplacée par les pétards du 14 juillet, dont les stocks n'en finissent plus de se vider (Ça fait trois soirs là quand même !).
Bon, le vacancier professionnel que je suis devenu n'a pas trop le bourdon ce soir, puisque, plutôt que de choisir entre juillettiste ou aoûtien et bien j'ai choisi, depuis quelques années, d'être les deux: partir avant tout le monde (savoir négocier avec la maîtresse de la petite) et repartir une fois que tout le monde est revenu (un minimum d'organisation est alors nécessaire en vue d'une sereine rentrée de septembre).
Et comme lecteur professionnel que je suis également, je reviens de cette première partie de vacances avec un jolie coup de cœur littéraire pour une auteure que je n'aurais peut être jamais lu sans être devenu blogueur et comme tout blogueur qui se respecte, twittos,
Frédérique Deghelt.
J'avais en fait mis plusieurs ouvrages dans ma valise pour ce séjour (Sagan, Merillon, Sebold et donc Deghelt) tout en sachant éperdument que je n'aurais pas le temps de les lire tous. Essayer de lire au bord d'un piscine avec un minimum d'attention, tout ayant un œil sur une petite fille de 3 ans devenue en quelques jours fanatique de toboggan aquatique et vous comprendrez que cela tient de la prouesse !
Le seul que je suis donc parvenu à débuter et à achever (pur hasard ou intuition éprouvée de lecteur avisé ou peu être un peu des deux...) est ainsi
La Vie d'une autre un roman idoine pour vos vacances, si vous lisez ce billet en quête d'idées de lecture.
Idoine tout d'abord parce ce livre regorge de soleil, une partie de l'intrigue se passant dans un corps ferme rénové, près d'Uzès (dans le Gard donc, pour les mauvais en géographie, a quelques kilomètres de mon lieu de villégiature) comme si celui-ci m'avait été conseillé par l'office du tourisme du coin.
Voilà pour le personnel, mais il faut tout de même que je vous parle un peu du livre.
Marie, 25 ans, vient de trouver un nouveau job. Pour fêter cela, elle passe la soirée dans un restaurant marocain. Une bonne cuite et un coup de foudre pour un bel argentin, Pablo, auprès de qui elle termine la nuit et se réveille donc le jour suivant, à ses cotés, projetée 12 années plus tard et mère de leurs trois enfants.
Et alors que l'on pourrait s'attendre à un roman quelque peu fantastique comme Marc Levy ou Guillaume Musso nous en pondent un tous les ans (petite pointe d'ironie mais les deux écrivains français les plus bankable réussissent tout de même la prouesse de faire lire des gens qui n'aime pas ça et rien que pour cela, ils ont mon profond respect), rien de cela puisque
Frédérique Deghelt nous plonge en fait, avec
La Vie d'une autre dans une véritable enquête psy.
"Je suis dans un état presque identique à ceux qui vivent un deuil, mais à l'inverse d'une perte, ce sont pour moi des apparitions successives qui me plongent dans une totale hébétude."
Marie n'est pas la victime d'une faille inter temporelle - à l'inverse du film Camille redouble, de Noemie Lvovski, où Camille est projetée dans son passé -, mais d'une amnésie.
Et après le (re)apprentissage du quotidien de mère, de femme d'un foyer et d'amante d'un homme qu'elle ne connait que depuis quelques nuits, débutera sa quête pour connaitre les raisons de ce volontaire effacement des souvenirs de toute une partie de sa vie, que son inconscient ne semblait plus pouvoir supporter.
En filigrane de cette enquête, l'on trouve également un véritable essai sur la relation de couple, sur la nécessité d'entretenir la flamme et sur ce dur apprivoisement du temps, où bons mots, humour et ironie se côtoient à parts égales:
"Le compte commun est un engin de culpabilité"
"un couple, c'est une association de malfaiteurs"
"Le bonheur, ça ne se vole pas, ça se construit"
"laisser l'autre libre, c'est l'aimer"
"Mon amour, mon amour, toi et moi nous ne ferons qu'un... Oui mais lequel ?...".
La Vie d'une autre a un dernier atout. Il est court, 252 pages dans sa version poche.
Lorsque j'entame la lecture d'un roman quelconque dans un endroit inhabituel comme le lieu d'un séjour, il m'est pénible de ne parvenir à l'achever avant le retour, au risque de n'oser le ré-ouvrir ensuite. J'aime associer un ouvrage et l'endroit ou il a été "visité".
Si comme moi, vous privilégiez ainsi les bouquins courts lors de vos voyages ou si vous êtes pris par ces nouvelles habitudes du lecteur moderne privilégiant les formats de plus en plus courts à des fins d’enchaînement et dont le nombre de pages d'un ouvrage potentiel s’avère être un critère rédhibitoire quand il ne devrait être que rébarbatif,
La Vie d'une autre ne peut que vous contenter.
Et pour vous qui avez lu ce billet et qui allez donc emmener
La Vie d'une autre dans votre sac, vous ne prendrez donc pas le risque de devoir l'achever dans votre lit, vos toilettes, les transports en commun ou tout autre endroit ou vous avez l'habitude de vous adonner à la lecture et ne risquerez donc pas d'être confrontés un peu trop violemment au phénomène de La madeleine de Proust (proportionnellement douloureux à la qualité de votre séjour) puisque, au contraire de Marie vous n'avez pas la possibilité, à des fins de bien-être psychologique, d'effacer une partie de votre mémoire.
AL
Liens:
http://radioteuse.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/11/16/frederique-deghelt.html
La vie d'une autre de Frédérique Deghelt au... par livre-de-poche
And now, don’t waste your time on Dandelion and will to read a fucking book !