Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

lundi 27 janvier 2014

Les littératures numériques d’hier à demain et La Galerie virtuelle de "chercher le texte"

Comme je vous l'annonçait il y a peu, le labo de la BnF met à l'honneur en ce début d'année la bande dessinée numérique.

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En effet, jusqu'au mois de juin prochain, vous pourrez y découvrir une sélection de BD parmi les plus célèbres à lire sur tablette.

Cette exposition fait suite à une autre, clôturée celle-ci qui avait mis en lumière en 2013, dans le cadre de la manifestation "Chercher le texte" la littérature numérique.

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 L’exposition Les littératures numériques d’hier à demain proposait de découvrir un panorama des différents courants de la littérature numérique. Échappant à la page, le texte, en littérature numérique, est multimédia, animé, instable, temporaire, généré, interactif. La langue naturelle s’y confronte à d’autres systèmes d’expression : à l’image, au son, au mouvement, mais également, au geste ou au code informatique. Pourtant, loin de se perdre ou de se fondre dans un monde de signes, la langue s’en trouve « augmentée ». Souvent jouables et manipulables, lisibles sur ordinateur, tablette ou liseuse, les formes diverses de ces œuvres ne cessent ainsi d’interroger la place du texte et nos propres usages de lecture au sein du dispositif numérique.

On pouvait y découvrir les œuvres suivantes :

- le tout premier générateur numérique de textes : Love letter (1952) de Christopher Strachey spécialement reprogrammée pour l’exposition par Philippe Bootz dans sa version anglaise et une traduction française
- le générateur combinatoire numérique de textes Stochastische Texte (1959) de Théo Lutz, spécialement reprogrammé pour l’exposition par Philippe Bootz en une version qui génère le texte simultanément en allemand (langue originelle du générateur), français et anglais
- le premier hypertexte de fiction Afternoon a Story (1987) de Michael Joyce dans son édition de 1992
- les premières oeuvres de poésie animée de Philippe Bootz et Jean-Marie Dutey dans leur version programmée pour l’exposition de préfiguration de la Maison de la Poésie du Nord-pas-de Calais à Beuvry (1988) et présentée ici sur un émulateur TO8D


l’intégrale de la partie PC de la toute première revue de poésie numérique, alire (1989 – 2009) :
- la version originale du numéro 1, publié sur disquette en 1989
- le salon de lecture électronique (1994) qui regroupe en un unique cédérom l’intégralité des numéros 1 à 9 dans leur reprogrammation de 1993
- les partitions PC des cédéroms d’alire 10 à 14

- des oeuvres qui ne tournent plus sur les machines actuelles :
- les partitions MAC des numéros de la revue alire
- Une collection de générateurs automatiques de fiction des années 1990 de Jean-Pierre Balpe (Le masque,Paysages sans ombre, Un roman inachevé)
- la fiction hypertextuelle 20% d’amour en plus de François Coulon

- un accès à une sélection de revues en ligne et collection actuelles de littérature numérique:
- la collection DOC(K)S on line
- l’anthologie ELO
- l’anthologie ELMCIP
- la revue bleuOrange

- un accès à 98 blogs et sites d’auteurs français engagés dans des projets d’écriture numérique

- les versions originales pour PC d’oeuvres remédiatisées sur tablettes dans l’exposition :Zeit für die Bombe de Susanna Berkenheger, La petite brosse à dépoussiérer la fiction et l’e rabot poète de Philippe Bootz, Opacité de Serge Bouchardon, La carte du tendre de Philippe Castellin, Inexorabled’Alexandra Saemmer et la version remédiatisée par Inés Laitano et Philippe Bootz de Nouvelles Impressions d’Afrique de Raymond Roussel

- Les oeuvres pour tablettes ou liseuses sélectionnées pour la galerie virtuelle:
- une sélection de livres numériques pour la jeunesse
- le prototype programmé par Douglas Duteil d’une collection de poésie numérique française développée par le labex Arts-H2H (Philippe Bootz et Alexandra Saemmer) et l’éditeur actialuna : Tue-moi d’Eric Sérandour,Explication de texte de Boris du Boullay, Toucher d’Alexandra Saemmer, La Carte du tendre, l’e rabot poète,Opacité, Inexorable
- l’Homme Volcan de Mathias Malzieu

- L’installation pour Kinect Motion Poetry de Brian Barrachina, Douglas Duteil, Cassandra Ribotti, spécifiquement produite pour l’exposition.

- L’œuvre en réalité textuellement augmentée Between Page and Screen d’Amaranth Borsuk et Brad Bouse.

La plupart de ces œuvres, même si elle ne sont plus visibles à la BnF peuvent toujours être découvertes par le biais de la Galerie virtuelle mise en place pendant le festival.

Celle-ci, plus que de perpétuer le formidable travail effectué par les organisateurs de "Chercher le texte" constitue une véritable anthologie de la littérature 2.0 dont les prémices sont apparus il y a déjà plus de 60 ans...

AL

jeudi 23 janvier 2014

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee

Ayant choisi en ce début d'année la littérature américaine comme thème de lecture, et même si j'avais déjà cochés quelques auteurs incontournables à mes yeux (Philip Roth, Toni Morrison, John Irving, Tom Wolfe...), un soucis d’exhaustivité (ou une peur de rater quelque chose de fondamentale, aller savoir...) m’amena à effectuer une petite recherche dans mon moteur de recherche préféré (il n'a vraiment pas besoin que je le cite) sur les romans incontournables de la littérature d'outre-atlantique.
Je trouve très vite mon bonheur sur le blog d'un confrère (La Culture d'Edouard que je cite volontiers, il en a plus besoin que Google) avec un billet consacré aux 10 romans américains incontournables à ses yeux.
Quelques uns étaient déjà tombés dans mon escarcelle (Le Bûcher des vanités de Tom Wolfe en cours de lecture, Le Choix de Sophie de William Styron, La Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole ou Les Corrections de Jonathan Franzen déjà chroniqué en 2013) mais l'un d'entre-eux, inconnu pour moi jusqu'alors attira particulièrement mon attention, annoncé comme le livre préféré des américains après la Bible (pas sûr que cela soit un très bon critère de choix mais bon): Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee.

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Résumé de l'éditeur:

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, connut un tel succès.
Mais comment ce roman est-il devenu un livre culte dans le monde entier ? C’est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années 1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l’enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde entier.

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Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est ainsi un roman culte. Il a permis à Harper Lee de vivre toute sa vie uniquement grâce aux royalties en découlant. Avec 30 millions d'exemplaires vendues, on imagine bien que celle-ci en a vécu confortablement et n'a pas été poussé par la faim pour continuer d'écrire. Et puis Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur fut couronné du prix Pulitzer en 1961 et plus que de l'avoir définitivement installée en tant qu'écrivain, Harper Lee a souvent expliquée qu'elle n'en avait retiré qu'un persistante paralysie à la création.

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Ce livre, je l'ai compris dès les premières lignes est tombé entre mes mains beaucoup trop tard. Roman dont la narratrice, Scout est une petite fille, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un roman d'apprentissage à l'écriture volontairement naïve qui j'imagine fut longtemps (et encore aujourd'hui) inscrit aux programmes des écoliers américains. Il leurs présente alors un portrait de l'Amérique ségrégationniste des années 1930, 30 ans avants les lois pour l'égalité des droits civiques de la décennie 60.
Ainsi pour les plus âgés comme moi, il faut s'armer d'un peu de patience avant de rentrer dans la partie la plus interressante du livre, celle du procès. Auparavant, même si cette partie introductive dresse l'image des procédés éducatifs et des méthodes scolaires américaines d'un autre temps, elle en demeure assez fastidieuse.
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur reste aujourd'hui un pilier de la littérature américaine. Il est à mettre entre les mains des enfants du monde entier pour qu'ils se rappellent bien ce que le monde fut. Pour les plus mûrs, ils se délecteront sans doute plus du roman De Sang-froid de Truman Capote, un classique du thriller américain et dont Harper Lee, grande amie de son auteur, participa grandement à son élaboration en l'assistant notamment dans ses recherches préliminaires. 

AL

Liens:

- http://edouardetmariechantal.unblog.fr/2009/01/26/les-10-romans-americains-incontournables/

- http://www.lemonde.fr/style/article/2013/07/19/la-plume-figee-d-harper-lee_3449398_1575563.html


And now, Don't waste your time and will to read a fucking book !!!

vendredi 17 janvier 2014

L'Odyssée de Pi de Ang Lee adapté du roman L'Histoire de Pi de Yann Martel


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Le roman L'Histoire de Pi de l'écrivain Yann Martel semblait devoir trouver inexorablement un prolongement cinématographique. Pourtant, celle-ci, après des projets portés successivement par Night Shyamalan (6ème Sens), Alfonso Cuaron (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban) et Jean-Pierre Jeunet, celui-ci mis près de 10 ans après la publication du livre en 2001 pour enfin aboutir sur l'adaptation de Ang Lee.
10 ans, pour qu'elle n'en soit que meilleure.

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Synopsis:

Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.

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Alors que l'on pourrait s'attendre à un film laissant de coté l'introduction très philosophique du roman en "plongeant" dès le début dans la partie spectaculaire du naufrage (à l'image d'un Seul au monde de Robert Zemeckis ou la partie introductive ne dure que quelques minutes), Ang Lee prouve son souhait de respect envers l'oeuvre initiale de Yann Martel. Il le fera de bout en bout.
Ainsi, la jeunesse de Piscine Molitor Patel, l'explication sur l'origine de son nom (la pointe humoristique du film), l'exploration comparative des religions qu'il effectue et sa découverte du sentiment amoureux sont encore présents ce qui donne au film encore plus de consistance. L'épilogue en double interprétation du livre également comme pour borner un film qui ne veut pas ne demeurer que purement esthétique. 

Pourtant du spectacle, il y en a. Celui-ci est même à couper le souffle. Le projet a donc mis 10 ans avant d'aboutir. En 10 ans; les progrès des effets spéciaux numériques et l'arrivée de la 3D dans les salles et sur les écrans de TV ont permis à l'Odyssée de Pi d'entrevoir ce que pourrait être le cinéma du futur: esthétique, spectaculaire et réaliste.

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Sans ces progrès techniques, le projet d'adaptation n'aurait sans doute vu le jour que sous la forme d'un film d'animation ou en perdant beaucoup de sa splendeur. Même avec le plus grand talent et la plus grande audace aucun dresseur n'aurait pu même se rapprocher du réalismes de certaines scènes ; les dompteurs d'animaux d'hier seront bientôt tous remplacés par d'autres, spécialistes de l'animation numérique sans doute au grand dam des acteurs mais assurément pour le plaisir des spectateurs. 


Si vous avez la chance de pouvoir regarder le film en 3D, la scène où le duo de naufragés croisent une baleine phosphorescente ou celle se passant sur une île mystérieuse peuplée de suricates restera longtemps gravé dans vos esprits comme l'une ou l'autre faisant partie d'un cinéma en passe de rentrer dans une nouvelle ère. Mais n'est-ce pas déjà le cas ?

AL

Liens:




mercredi 15 janvier 2014

Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé au théâtre Tristan Bernard

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Jean Teulé semble avoir trouvé dans le True Crime (genre littéraire consistant à relater ou romancer des faits criminels s'étant réellement passés), son cheval de bataille.
En 2013 il publiait Fleur de Tonnerre, une biographie romancée de la tueuse en série Hélène Jégado.

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En ce début d'année 2014, c'est l'adaptation théâtrale d'un autre de ses romans, Mangez-le si vous voulez paru en 2010 et qui narre le drame de Hautefaye, que l'on pourra découvrir au théâtre Tristan Bernard à Paris.
Mis en pièces par Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève les fondateurs de Fouic Théatre, la pièce fut l'une des révélations du dernier Festival "off" d'Avignon.

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Objectif diffusion  Adami - SACD : Mangez-le si... par ADAMI






C'est l'une des très bonnes surprises du Festival "off" d'Avignon, qui s'achève mercredi 31 juillet. En adaptant avec brio le roman de Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez, Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève, cofondateurs du Fouic Théâtre, ont conquis le public de la Cité des papes. Avant leur aventure avignonnaise, ils n'avaient joué que cinq fois cette nouvelle pièce, à Elancourt et Bougival, dans les Yvelines. Le "off", ils connaissent. Depuis 2006, ils y ont présenté trois créations (Blue.fr, Abilifaïe Léponaix et Noces de laine).

"D'habitude, il faut venir deux années de suite avec le même spectacle pour qu'il décolle. Cette année, en cinq jours, cela a pris", raconte Jean-Christophe Dollé, metteur en scène et comédien principal. La pièce fait salle comble au Théâtre Alizé et a attiré, en trois semaines, quelque 300 programmateurs. "Faire Avignon, pour une compagnie peu subventionnée comme la nôtre, est le seul moyen de vendre notre spectacle. Le "off" est une jungle, certes, mais dont on ne peut pas se passer", résume le jeune metteur en scène.
Pour cette création, tout a commencé "par hasard" ; par un copain qui dit un jour "Tu devrais lire ce bouquin de Jean Teulé". Ce roman, qui se déroule en août 1870 dans le Périgord, raconte comment de "braves gens" peuvent devenir des monstres d'inhumanité. Comment un jeune bourgeois qui se rend à la foire d'un petit village se retrouve, quelques heures plus tard, lynché, torturé et brûlé vif, pour de supposées paroles pro-prussiennes. "Au départ, je pensais que cela pouvait faire un très bon monologue, mais je ne voyais pas une pièce de théâtre. Je l'ai mis sous le coude et n'y ai plus pensé", se souvient Jean-Christophe Dollé. Mais cette histoire de folie ordinaire le "titille", parce qu'elle correspond à l'univers de ses précédents spectacles, à son "obsession" de "toucher du doigt les limites de la raison humaine". Alors il se dit qu'il ne faut pas "s'obstiner sur le contexte historique et amener une dimension contemporaine, un travail sur le son", afin que "la musique contamine la scène, telle la folie meurtrière qui s'empare de la foule".


CONTE TRAGIQUE ÉLECTRO-ROCK
Pour mener à bien ce projet, la compagnie dépose un dossier d'aide - "qu'on a peaufiné comme des fous" - auprès du conseil général des Yvelines. Et décroche une subvention. La troupe pourra alors travailler et répéter "dans de bonnes conditions" avec Mehdi Bourayou au piano et Laurent Guillet à la guitare, rencontrés sur la comédie musicale Le Soldat rose, de Louis Chedid. Avoir des musiciens sur scène, "le rêve ! ", lâche Jean-Christophe Dollé. Grâce au soutien de l'Adami et de la Spedidam, la compagnie se lance "sereinement" dans le "off". La qualité de l'affiche du spectacle, le tractage et le nom de Jean Teulé font le reste. L'auteur n'a pas encore vu la pièce mais a soutenu la troupe dans sa volonté de transformer son livre en conte tragique "électro-rock et culinaire".
Cette adaptation est un petit bijou de modernité et d'audace. Sur scène, une cuisine des années 1950, avec sa ménagère parfaite (Clotilde Morgiève) qui va "mitonner" et décortiquer les mots de cette chasse à l'homme, deux musiciens espiègles, et, au milieu, Jean-Christophe Dollé interprétant tous les personnages - victime, bourreaux, spectateurs - de cette effroyable affaire. Au fur et à mesure, le décor se désarticule, la cuisine devient table de torture et bûcher. Rien de gore, mais ce qu'il faut d'humour noir et de cynisme. Si cette pièce haletante prend aux tripes, c'est parce que ce fait divers de lâcheté incommensurable pourrait être de toutes les époques.

Sandrine Blanchard (Festival d'Avignon, envoyée spéciale), 29 juillet 2013



Info pratiques:

Mangez-le si vous voulez

Théâtre Tristan Bernard
Du 16/01/2014 au 28/02/2014
Mardi,mercredi,jeudi et vendredi à 19h et 21h, samedi à 18h et 21h


Liens:



lundi 13 janvier 2014

La bande dessinée numérique à l’honneur au Labo BnF

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Le Labo de la BnF qui avait déjà mis en lumière la littérature numérique en 2013 poursuit sa démarche en 2014 en proposant un focus sur la bande dessinée numérique.

Alors que l'exposition consacrée à Astérix est prolongée jusqu'au 26 janvier, le Labo de la BnF s'est donc engouffré dans la brèche et propose avec son partenaire Izneo, le spécialiste français de bande dessinée numérique, de venir découvrir jusqu'à la fin du mois de juin, une sélection de BD parmi les plus populaires (Astérix, Thorgal, XIII, Spirou, Gaston Lagaffe...) à lire uniquement sur tablette.

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Point d'orgue de cette expo, le 15 janvier 2014 de 12H30 à 14H30,  un rendez-vous aura pour thème la bande dessinée numérique interactive et transmédia.

Comment concevoir une œuvre transmedia ? Quelle est la relation de l’auteur au numérique ? Jusqu’où peut-on aller dans l’interactivité ?
Pour évoquer ces différents aspects de la BD nous avons réuni un plateau prestigieux : 
Thomas Cadène, auteur notamment de Les Autres Gens, évoquera la relation de l’auteur au numérique.
Marion Amirganian, éditrice chez Delcourt, nous parlera de « La petite mort » version transmédia et de "MediaEntity", la série en réalité augmentée.
Frank Chiche présentera la BD Ovni et interactive « Je vous ai compris ! »
Louis-Antoine Dujardin (Ed. Dupuis) nous révélera les secrets de l’application Spirou Z
Romain Renard (Ed. Le Lombard) nous dira tout sur la BD enrichie "Melville".

Le neuvième art, à l'aune de la littérature, saura-t-il trouver dans le numérique, un véritable nouveau support de création ?

AL

Info pratiques:

RDV le 15 janvier 2014
De 12h30 à 14h30 au Labo BnF
Entrée Hall Est
Quai François Mauriac
75013 Paris
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

dimanche 12 janvier 2014

Docteur Sleep de Stephen King

Beaucoup considère le roman The Shining de Stephen King publié en 1977 comme l'oeuvre majeure de sa bibliographie. Ne nous le cachons pas, c'est surtout grâce à l'adaptation qu'en a fait Stanley Kubrick que les non-initiés de l'auteur l'ont connu. Celle-ci, véritable trahison envers son oeuvre dixit le maître et qui de surcroît, comme le dit à juste titre holden sur le webzine envrak.fr dans une excellente chronique, a eu, à la longue, tendance à phagocyter l'original dans les mémoires collectives.

Les autres, littéralement happés par ses romans qui ont revisité/revitalisé un genre littéraire - l'horreur/L'épouvante/le fantastique considéré comme beaucoup comme un sous genre - et qui l'ont suivi un temps et le lisent encore pour certains aujourd'hui auront bien du mal à s'entendre sur l'une des ses nombreuses publications (56 livres à la fin de l'année 2013) pour en ressortir une du lot.

Malgré cela, et comme les fans de Bret Easton Ellis ont pu s'en réjouir en 2010 avec la publication de Suite[s] Impériale[s] 25 ans après son premier roman mythique Moins que Zéro, la suite d'un roman qui a fait de son auteur un écrivain éminemment lu demeure toujours un événement particulier, alors, lorsque nous parlons de l'un des auteurs vivants ayant le plus vendu à travers le monde (350 millions d'exemplaires), cet événement devient tout simplement un véritable buzz littéraire dont l'éditeur tentera, par tous les moyens dont il dispose, à accentuer la résonance.

Ainsi, le désir de l'éditeur français de Stephen King, Albin Michel, de faire le plus de bruit possible sur cet événement qui avait lieu à quelques encablures des fêtes de fin d'année, n'ayant eu d'égal que la très longue attente de ses plus grands fans français, bien aidé il est vrai par la décision de l'écrivain de venir à Paris pour la première fois assurer lui même la promotion de son dernier livre a engendré l'organisation presque inédite en Europe d'un véritable show à l'Américaine (il y a une certaine logique tout de même à recevoir un hôte de marque en adoptant ses mœurs) sorte de conférence/rencontre avec l'écrivain qui s'est déroulé au Grand Rex le 16 novembre dernier et dont vous pouvez retrouver la vidéo complète en cliquant sur le lien.

Vous l'avez compris je faisais partie de ces hordes de lecteurs et ayant fait la queue quelques heures (les places ne sont pas numérotées) et étant enfin assis à quelques rangs seulement de la scène, un exemplaire de Docteur Sleep offert par Albin Michel entre les mains et alors que le spectacle allait bientôt commencer, une question me vint à l'esprit en fixant cette magnifique couverture: Docteur Sleep sera-t-il à la auteur de tout ce remue-ménage ?

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Résumé de l'éditeur:

Docteur Sleep : la suite de Shining

Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi... Hanté par l’idée qu’il aurait pu hériter des pulsions meurtrières de son père Jack, Dan Torrance n’a jamais pu oublier le cauchemar de l’Hôtel Overlook. Trente ans plus tard, devenu aide-soignant dans un hospice du New Hampshire, il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser les mourants, gagnant ainsi le surnom de « Docteur Sleep », Docteur Sommeil. La rencontre avec Abra Stone, une gamine douée d’un shining phénoménal, va réveiller les démons de Dan, l’obligeant à se battre pour protéger Abra et sauver son âme...

Stephen King, pour Docteur Sleep, a été élu « Meilleur roman fantastique de l’année » par le magazine LIRE.

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Lors de cette fameuse soirée, après avoir répondu aux questions d'Augustin Trapenard et de Maxime Chattam, le micro se balade dans le public permettant aux fans les plus courageux de poser une question à Stephen King. Peu ose s'y coller mais une jeune fille à quelques rangs de moi réclame tout de même le micro, trépignante d'impatience. Celle-ci, pleine d'émotion, visiblement très émue de le rencontrer, déclare que c'est le plus beau jour de sa vie. Elle a 16 ans. 
Ses premiers lecteurs, adolescents au milieu des années 1970 ont aujourd'hui la cinquantaine bien tassée. Ainsi, le caractère intergénérationnel de son lectorat y est assurément pour beaucoup dans sa longévité. Evidemment Stephen n'ayant jamais arrêté d'écrire, il eut été intéressant de connaitre les livres préférés de ces toutes nouvelles recrues. Ses premiers romans y ont-ils encore autant de succès que ces publications plus récentes ? Je le pense sincèrement, et j'imagine bien cette jeune ado découvrir Stephen King en piochant dans la bibliothèque poussiéreuse de sa mère.

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Pour revenir à Docteur Sleep, ces deux-là, qui se sont vu offrir gracieusement, comme moi, un exemplaire chacune du livre, ont à coup sûr des motivations différentes, peut-être l'une de connaitre ce qui a pu advenir du jeune Danny Torrance, l'autre de lire un bon roman fantastique avec une seconde lecture qu'elle ne retrouvait pas dans les young-adults books à la mode.
Car Docteur Sleep peut tout à fait se lire sans rien n'y connaitre de The Shining, alors que je m'étais empressé, à défaut de relire le roman, d'au moins revoir son adaptation.

Les inconditionnels de The Shining seront surement déçus car point de huit-clos angoissant ou de nouvelle apologie de la peur dans Docteur Sleep mais une histoire, rappelant un autre roman du King, Charlie, où l’héroïne pourrait bien être la grande sœur d'Abra Stone dans Docteur Sleep.
Stephen King n'a pas perdu ce que je considère pour ma part comme une performance sans cesse renouvelée dans chacune de ses histoires, c'est cette capacité qu'il détient à créer des personnages empathiques, de savoir les installer en quelques pages de façon a priori anodine et avec qui le lecteur sera immédiatement disposé à accompagner tout le long d'un roman qui pour ce qui concerne Stephen King est tout de même souvent un gros pavé qui fait peur et cela même avant de l'attaquer.

L'on se délecte donc de retrouver Danny Torrance, qui a vaincu ses démons et va devenir le guide d'Abra possédant un shining ô combien plus puissant que le sien. Ces deux-là vont être au prise avec le Noeud-vrai, sorte de vampires modernes qui ne sucent pas le sang mais se nourrissent des émotions inhérentes à la mort (le 11 septembre 2001 fut ainsi un excellent millésime pour eux) ou des pouvoirs psychiques des enfants comme Abra et qui seraient très nombreux à travers le monde selon l'écrivain. Sur ceux-ci, Stephen King s'est encore surpassé en développant sans retenue ces personnages pourtant secondaires aux surnoms plus baroques les uns que les autres: Rosie Claque la meneuse de troupe, Papa Skunk, Sarey La Muette, Andi la piquouse, Phil Ampèt pour les rendre, au moins dans la première moitié du livre, encore plus effrayants.

Avec en filigrane, une réflexion sur l'alcoolisme et sur le déterminisme social, même si Docteur Sleep n'est pas la suite effrayante que certains attendaient, n'en n'est pas moins un bon Stephen King que l'on ne classera pas dans ses chefs-d'oeuvre au contraire de 22 11 63, autre publication de l'année 2013, que je ne tarderais pas à chroniquer. A très bientôt...

AL         



Liens:



http://www.envrak.fr/livres/docteur-sleep-whats-up-doc/



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samedi 4 janvier 2014

Itinéraire d'un poète apache de Guillaume Staelens

Ceux qui ont lu les trop rares (las, je ne respecterai donc jamais ce foutu planning !) derniers billets de Dandelion auront compris que j'ai entamé, depuis quelques temps, un cycle ayant pour thème les grands romanciers américains. Je m'en suis déjà expliqué dans le post consacré à Running Man. La venue de Stephen King en France en novembre dernier a un peu chamboulé mon planning mais je l'ai déjà dit Stephen King fait assurément partie de cette bande. C'est donc de manière tout à fait paradoxale que le premier roman chroniqué en 2014 est un roman écrit par un auteur français, même s'il me rappelle que j'ai du sang belge qui coule dans mes veines.

S'il est bel et bien français (la quatrième de couverture le prouve imparablement, Guillaume Staelens serait né en Seine-Saint-Denis et pourquoi donc un éditeur aussi respectable que Viviane Hamy nous mentirait ?), son roman ne l'est pas du tout. Mon paradoxe n'en n'ai donc pas un et c'est avec un réel plaisir que je poursuis mon cycle infernal (c'est bien le mot, je ne suis pas sûr d'avoir assez de l'année 2014 pour en venir à bout, privilège du lecteur mur qui a enfin trouvé sa "littérature") avec ce roman "américain" au titre évocateur Itinéraire d'un poète apache.

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Résumé de l'éditeur:

Élevé par une mère indienne, marqué par la désertion de son père – lui-même fils d’un richissime avionneur WASP –, Nicolas Stanley ne se sent nulle part à sa place. Élève brillant, il rejette violemment son milieu et l’école où il se sent à l’étroit. Il dévore Poe, Melville, Thoreau, Stephen King, s’abreuve aux comics, au rock, au cinéma, dessine sans trêve. Avide des autres et de l’inconnu, il multiplie les fugues. Dans un café du quartier branché de Seattle, il croise une artiste d’origine vietnamienne, homosexuelle et de dix ans son aînée, à qui il ose montrer son travail. Elle lui ouvre les portes de l’art alternatif, du grunge, de la révolte. L’amour fou, qu’ils découvrent ensemble, sera le territoire de leur liberté. Mais l’innocence de l’un et les déchirements de l’autre les font dériver vers les limbes des drogues et de l’alcool. Nick, pourtant, récuse cette autodestruction. Il quitte Pearl-Janis.

Revenu dans le giron maternel, il rejoint la fac, s’immerge dans ses études d’anthropologie, comme un hommage à ses ancêtres Nez-Percés. Mais sa soif des confins lui fait suivre l’appel d’une sirène québécoise, aussi rousse que Tori Amos. Il part vers le Nord et ses Inuits. Vancouver, Montréal, le Yukon, les aurores boréales, la dèche, les désillusions, la déception. Dessins plus noir que blanc, musique des abysses.

Sa première proposition de travail lui offre l’apprentissage des terres du Sud. En quête perpétuelle de ses origines, le poète métis dessine toujours, inscrit ses marques dans la Latina, traverse l’Argentine – en rêvant de La Patagonie –, le Mexique, l’Uruguay, le Brésil, où il rencontre Mariam, avec qui il fera un enfant. Serait-ce la sérénité tant recherchée ?

Mais la fureur du monde et ses démons le rattrapent. Jusqu’où devra-t-il aller pour assouvir son désir de vivre, enfin, ses désirs de connaissance et de renaissance ? Quels murs doit-il abattre pour être en accord avec ses convictions ?
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Itinéraire d'un poète apache, un roman qui sent bon l’Amérique

"Nick possèdait toujours sa belle colère, qui me plaisait tant . Il suffisait de canaliser cette énergie afin de la transformer en énergie créatrice." 


Il y a tant d'Amérique dans le roman de Guillaume Staelens. Sa relation avec son premier professeur de lettre Grégory Izersky fait écho avec une autre, celle de Marcus Goldman et Harry Québert son mentor, dans un autre roman américain, La vérité sur l'affaire Harry Québert, écrit cette fois ci, pas par un auteur français au patronyme belge mais par un écrivain, suisse, Joel Dicker. Il m'évoque également ce professeur déchu, Nathan Zuckerman dans La Tache de Philip Roth. Son road-movie vous rappellera évidement le Sur La Route de Jack Kerouac et son périple en Colombie-Britannique trouvera une divine prolongation dans la lecture de Canada de Richard Ford. C'est la prouesse de l'auteur de ce premier roman pourtant tellement abouti ; il nous plonge dans cette univers délectable, du moins, si vous êtes un tant soit peu américanophile.

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Son roman dont la seconde partie n'est plus narrée par Grégory Izerski mais Nicholas Stanley lui même, est écrit comme un carnet de voyage (ou plutôt un carnet de vie), sans aucun véritable dialogue. Guillaume Staelens ne dévie jamais de sa ligne directrice, son écriture demeure de bout en bout précise, soignée toujours à la recherche du bon mot, de la formule adéquat, de la citation appropriée. Inspiré de la vie d'Arthur Rimbaud poète anti-conformiste aux idées libertaires et rejetant la société bourgeoise de son époque Guillaume Staelens transpose la seconde partie de sa vie aventureuse et pérégrinatoire, dans celle de Nicholas Stanley, élève brillant, dessinateur de talent dont il refusera plusieurs fois d'en faire son métier qui choisi une vie sans aucune contrainte faite de découverte des contrées les plus lointaines et subversives et parfois dangereuses de tout le continent américain. En fil rouge, Guillaume Staelens nous sert une vrai chronique sociétale des années 1990 à nos jours par le truchement de l'évolution artistique, musicale (ce livre si vous prenez le temps de l'écouter n'en sera que des plus délectable), économique et sociale.

Les gamins n'achetaient plus de CD, ils pillaient le passé. Le travail de sape se poursuivait avec méthode. Un poème ne valait pas plus cher qu'un SMS, plutôt moins. [...] La fin de la culture n'était qu'une affaire d'années. [...] Le monde pouvait vivre sans poète, une option envisageable. L'Amérique des années 2000 en était le laboratoire, dans ce domaine comme dans tant d'autres. [...] Elle s'étendrait bientôt du berceau jusqu'au tombeau. Un Watergate à l'échelle du genre humain en quelque sorte, et qui n'émouvait personne.

Guillaume Staelens nous prévient : la culture va mourir ; et la liberté est déjà morte, il n'y a plus de place aujourd'hui pour les rêveurs contemplatifs - amoureux du monde dans toute sa magnificence, dans toutes ses imperfections et bouleversements permanents - en quête d'appropriation, sauf à l'image de Nicholas Stanley, à devenir un paria.

Le choix du titre vous apparaîtra peu judicieux, trompeur voire mensonger ? Nicholas Stanley n'est l'auteur d'aucun vers ? Il n'a à peine croqué que quelques dessins, art très vite abandonné dans sa quête ? Non. C'est toute sa vie qui est un poème, une élégie.

AL

Liens:


Guillaume Staelens - Itinéraire d'un poète apache par Librairie_Mollat




http://www.humanite.fr/premier-roman/547813


And now, don't waste your time and will to read a fucking book !!!