Plus personnellement, mon parcours de lecture m'en a fait découvrir deux, le thriller historique de Robert Harris Fatherland, une enquête suite à l'assassinat de deux anciens S.S. de haut rang dans une Allemagne qui aurait gagné la seconde guerre mondiale ainsi que le génialissime Replay de Ken Grimwood relatant les pérégrinations dans le temps de Jeff Winston un homme de 43 ans qui meurt subitement d'une crise cardiaque et se réveille dans sa chambre d'étudiant, âgé de 18 ans et lesté de tous les souvenirs de sa précédente existence.
Le mythe de la machine à remonter le temps était un thème que Stephen King n'avait pas encore abordé dans sa bibliographie. Avec 22/11/63, il répare ce manque avec un brio tel que le roman se place, sans aucun débat parmi ses plus réussis.
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Résumé de l'éditeur:Jake Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, n’a pu refuser d’accéder à la requête d’un ami mourant : empêcher l’assassinat de Kennedy. Une fissure dans le temps va l’entraîner dans un fascinant voyage dans le passé, en 1958, l’époque d’Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d’un taré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d’une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake, un amour qui transgresse toutes les lois du temps.
Avec une extraordinaire énergie créatrice, King revisite au travers d’un suspense vertigineux l’Amérique du baby-boom, des « happy days » et du rock and roll.
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Parmi les fans de Stephen King, il y a tout d'abord les inconditionnels, les aficionados, ceux pour qui la sortie de l'une de ces nouvelles publications est un événement qu'ils ne manqueraient pour rien au monde. Ceux-là ont pour la plupart tout lu ou presque. J'en connais même qui se contentent uniquement de son oeuvre et qui la relise inlassablement.
Et puis il y en a d'autres, qui soupèsent, piochent, s'interrogent sur l'un ou l'autre de ses livres avant d'y jeter leur dévolu ; qui ont été, si ce n'est déçu, quelques fois circonspects à sa lecture mais qui le citeront pourtant comme l'un de leurs auteurs favoris. Ceux-là vous parlerons avec enthousiasme de leurs romans préférés mais ne rougirons pas en disant que celui-ci ou celui là les a laissé de marbre. Je pense faire partie de cette seconde catégorie.
De son oeuvre je plébiscite: Misery, La Part des ténèbres, Simetierre, Jessie, Différentes Saisons et Ça. Mais je dois avouer également que Le Fléau m'a profondément ennuyé. Réfractaire à la fantasy, la Tour Sombre n'est pas pour moi. Ayant lâché le maître pendant quelques années, son actualité récente (sa visite en France pour la sortie de Docteur Sleep, la suite de Shining) m'a naturellement fait me repencher sur sa bibliographie et c'est ainsi que Sac d'os et Histoire de Lisey sont venus grossir ma PAL avec la certitude de nouveaux moments de lecture anthologiques.
Vous l'aviez peut-être compris, c'est avec Misery que j'ai découvert Stephen King. D'autres, l'ont découvert récemment avec le roman dont ce billet fait l'objet, 22/11/63, le mythe de l'assassinat de Kennedy à l'heure de sa commémoration les ayant sans doute attirés. De ceux-là je suis sûr que nombreux feront grossir son lectorat. Car c'est toute la quintessence du talent de King qui ressort de ce roman.
Comme si King l'avait compris, il ménage ses nouvelles recrues. Pas de machine truculente pour voyagez dans le temps, nécessité de crédibilité. Oui de crédibilité car la mythe du voyage dans le temps est suffisamment grandiloquent pour n'avoir à en rajouter. Non le vecteur de ce voyage, le passage, la porte se trouve dans un endroit qui pourrait être le fond de notre grenier ou le recoin de la cave. Et l'on se prend presque à y croire, le pavé de plus de 900 pages ne nous fait plus peur et sommes pour un temps Jack Epping et allons donc le porter vers le but de sa vie: changer le monde en empêchant un événement charnière de l'histoire contemporaine, l’assassinat de Kennedy par Lee Harvey Osvald. Son postulat, si Kennedy n'était pas mort à Dallas, du moins le croit-il le monde d'aujourd'hui serait profondément meilleur.
Mais après quelques "shoots" de passé, Jack teste sa théorie sur des faits divers plus anonyme ; que se passera t'il dans le présent si l'on évite un drame du passé ? Et c'est ainsi que les aficionados de King retrouve avec délectation la ville de Derry, à l'époque même où ils l'avaient découvert pour la première fois en 1958, dans le roman Ça, où ils retrouvent même les deux adolescents facétieux Beverly et Ritchie. Mais "le passé est tenace, il ne veut pas être changé" et Jack semble devoir lutter contre des forces obscures pour parvenir à ses fins. Mais comme le passé, Jack est tenace et décide donc de rester plus de 5 ans de sa vie dans les années 50.
C'est ainsi, qu'avec ses thèmes de prédilection l'alcoolisme/ la violence du père/l'écriture c'est une véritable chronique des fifthies qu'il nous est offert, une immersion dans l'époque des happy days pour qui les américains demeurent si nostalgique.
"Être chez soi, c'est regarder la lune se lever sur la vaste terre endormie et pouvoir appeler quelqu'un à la fenêtre pour la contempler ensemble."
5 ans, ça laisse le temps de faire sa place, de se trouver un chez soi. Alors que Jack sait qu'il doit fuir autant que faire se peut quelque attachement, il tombe amoureux d'une grande fille dégingandée, Sadie. L'amour occupe ainsi une part importante du livre comme rarement dans un roman de King.
Arrivé dans la course finale, tout s’accélère. Pa des tonnes de pages historiques trop pointues, juste ce qu'il faut en évitant l'écueil conspirationniste où King lâche les chevaux et ne ménage plus rien ni personne.
22/11/63 serait-il LE roman de Stephen King ?
AL
Liens:
- http://www.actusf.com/spip/10-Uchronies-incontournables.html
- http://www.cafardcosmique.com/Uchronies-et-si
- http://www.lexpress.fr/culture/livre/uchronies-l-histoire-avec-des-si_1222381.html
- http://www.telerama.fr/livres/22-11-63,93634.php
And now, Don't waste your time and will to read a fucking book !!!