Vous vous souvenez peut-être du dernier récipiendaire français, l'écrivain franco-mauricien J.M.G. Le Clézio couronné en 2008 mais saviez-vous que le premier Nobel de littérature décerné en 1901 le fut pour un autre français, le poète Sully Prudhomme ? Pas si sûr d'autant que ce dernier est loin d'être le poète français le plus populaire aujourd'hui.
Il a pourtant laissé une oeuvre dense de plusieurs recueils dont le premier publié en 1865, Stances et poèmes d'où est tiré son plus célèbre poème, Le vase brisé, métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour.
Le Voici:
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.
AL
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