Dans le roman La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joel Dicker, Arthur Goldman reçoit d'Harry Quebert, son mentor, 31 conseils d'écriture - soit autant que le nombre de chapitres du livre - qui vont le façonner et lui permettre de devenir un grand écrivain.
Harry Quebert n'est qu'un personnage de roman et n'existe que dans l'imaginaire de Joel Dicker et désormais dans celui des ses nombreux lecteurs. Je ne sais pas si Jonathan Franzen s'est forgé seul ou si lui aussi a eu son pygmalion. Son roman, Les Corrections semble pourtant avoir été écrit selon ce credo tant il fourmille d'idées tout au long de ses 720 pages.
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Résumé de l'éditeur:
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"Elle avait l'impression qu'Al et elle étaient les deux seules personnes intelligentes de leur génération qui aient réussi à ne pas faire fortune"
Les Corrections. Celles que chacun des membres d'une famille du Midwest américain, les Lambert, aimerait apporter à sa propre existence.
Jonathan Franzen met, tour à tour, le projecteur sur chacun d'entre eux.
Tout d'abord, Chip, l'intellectuel de la fratrie et pourtant celui qui a certainement le moins bien réussi, empêtré dans les corrections de son scénario dont personne ne veut et d'une carrière d'enseignant à l'université gâchée à la suite d'une liaison avec l'une de ses élèves et dont les péripéties l'emmèneront jusqu'à la Lituanie.
Gary l’aîné, dont la réussite professionnelle ne peut rattraper l'échec latent dans l'éducation rêvée des ses enfants, dépressif et en conflit avec son épouse quant au règlement de la question portant sur le lieu du prochain réveillon de Noel qu'il souhaite passer, selon le désir impérieux de sa mère, dans la maison familiale de Saint Jude.
Denise, la cadette, virtuose de la cuisine - elle sera, (pour un temps du moins) un chef reconnu d'un restaurant à la mode de Philadelphie - mais incapable de s'installer durablement dans un relation stable et équilibrée au grand damne de sa mère, elle sort d'un divorce et aura de nombreuses relations les plus incongrues les unes que les autres.
Et puis leurs parents, Enid la mère, très à cheval sur les conventions sociales de son temps, ayant longtemps souffert de l’absence de son mari ingénieur dans les chemins de fer et accaparée par ses taches ménagères et l'éducations des ses trois enfants, elle déplore aujourd'hui leurs mauvais choix d'investissement, les privant d'une retraite aisée et n'a qu'une idée en tête, réunir toute sa famille à Saint Jude pour les prochaines fêtes de Noel.
Enfin, Alfred, mari froid, père strict, aussi brillant dans sa carrière d'ingénieur des chemins de fer que médiocre pour les relations familiales, cette carrière qui se terminera pourtant en eau de boudin puisqu'il décidera de démissionner à quelques mois de sa retraite - nous saurons pourquoi il a prise cette décision étrange - qu'il débute en déclarant un Parkinson.
"Les Corrections" est souvent affublé, pour le décrire, de l'expression de roman fleuve. IL est à noter que les romans fleuves d'aujourd'hui ne sont plus ceux du début du vingtième siècle en France, quand Romain Rolland avait besoin de 10 volumes pour aller au bout de son "Jean-Christophe", Roger Martin du Gard 12 pour achever "Les Thibault" et Jules Romains, pas moins de 27 volumes pour raconter "Les Hommes de bonne volonté" et, sans oublier Proust, les 720 pages des Corrections, à coté, semblent ne pas peser bien lourd.
Mais c'est sans compter sur ces nouvelles habitudes de lecture qui nous font zapper le plus rapidement possible entre romans et auteurs divers privilégiant souvent la brièveté à la découverte d'une oeuvre que l'on entrevoit comme excellente mais que l'on juge trop longue. Ah que tes romans peuvent faire peur Tom Wolfe !
Pourtant, ce roman est bien un roman fleuve d'aujourd'hui. Pour ceux et celle qui s'adonnent à l'écriture, il se pose parfois la question de savoir si telle ou telle idée doit être incluse dans ce que nous sommes en train de rédiger ou si elle ne pourrait pas être exploitée dans un nouveau projet de roman ou de nouvelle et ainsi de s'épargner l'angoisse de la la recherche de nouveaux terrains exploitables. Jonathan Franzen, l’instar du conseil de Harry Quebert en préambule de ce billet, ne s'est assurément pas posé la question.
Son écriture, pleine de virtuosité, accouplée d'une richesse d'idées (ou l'érudition le dispute au tragi-comique) rarement rencontré dans un seul roman, participe à ce sentiment de prendre claque sur claque et force le lecteur à poser le livre pour reprendre son souffle. Ce fut mon cas qui l'ai même lu en plusieurs semaines, le lâchant et y revenant parmi d'autres lectures.
Rajoutons à cela une bonne dose de cynisme et des pans du roman - description de la façon dont les symptômes de la dépression de Gary reviennent, celle d'un coït entre Alfred et Enid, de la bataille entre Alfred et un étron (oui c'est bien ça) ou encore celle, hilarante du vol, par Chip, d'un filet de saumon qu'il est incapable de payer - vous resteront longtemps gravé en mémoire.
Un vrai chef d'oeuvre.
AL
Liens:
http://www.telerama.fr/livre/jonathan-franzen-romancier-des-americains-je-partage-les-defauts-j-en-fait-partie,72032.php
Les Corrections. Celles que chacun des membres d'une famille du Midwest américain, les Lambert, aimerait apporter à sa propre existence.
Jonathan Franzen met, tour à tour, le projecteur sur chacun d'entre eux.
Tout d'abord, Chip, l'intellectuel de la fratrie et pourtant celui qui a certainement le moins bien réussi, empêtré dans les corrections de son scénario dont personne ne veut et d'une carrière d'enseignant à l'université gâchée à la suite d'une liaison avec l'une de ses élèves et dont les péripéties l'emmèneront jusqu'à la Lituanie.
Gary l’aîné, dont la réussite professionnelle ne peut rattraper l'échec latent dans l'éducation rêvée des ses enfants, dépressif et en conflit avec son épouse quant au règlement de la question portant sur le lieu du prochain réveillon de Noel qu'il souhaite passer, selon le désir impérieux de sa mère, dans la maison familiale de Saint Jude.
Denise, la cadette, virtuose de la cuisine - elle sera, (pour un temps du moins) un chef reconnu d'un restaurant à la mode de Philadelphie - mais incapable de s'installer durablement dans un relation stable et équilibrée au grand damne de sa mère, elle sort d'un divorce et aura de nombreuses relations les plus incongrues les unes que les autres.
Et puis leurs parents, Enid la mère, très à cheval sur les conventions sociales de son temps, ayant longtemps souffert de l’absence de son mari ingénieur dans les chemins de fer et accaparée par ses taches ménagères et l'éducations des ses trois enfants, elle déplore aujourd'hui leurs mauvais choix d'investissement, les privant d'une retraite aisée et n'a qu'une idée en tête, réunir toute sa famille à Saint Jude pour les prochaines fêtes de Noel.
Enfin, Alfred, mari froid, père strict, aussi brillant dans sa carrière d'ingénieur des chemins de fer que médiocre pour les relations familiales, cette carrière qui se terminera pourtant en eau de boudin puisqu'il décidera de démissionner à quelques mois de sa retraite - nous saurons pourquoi il a prise cette décision étrange - qu'il débute en déclarant un Parkinson.
"Les Corrections" est souvent affublé, pour le décrire, de l'expression de roman fleuve. IL est à noter que les romans fleuves d'aujourd'hui ne sont plus ceux du début du vingtième siècle en France, quand Romain Rolland avait besoin de 10 volumes pour aller au bout de son "Jean-Christophe", Roger Martin du Gard 12 pour achever "Les Thibault" et Jules Romains, pas moins de 27 volumes pour raconter "Les Hommes de bonne volonté" et, sans oublier Proust, les 720 pages des Corrections, à coté, semblent ne pas peser bien lourd.
Mais c'est sans compter sur ces nouvelles habitudes de lecture qui nous font zapper le plus rapidement possible entre romans et auteurs divers privilégiant souvent la brièveté à la découverte d'une oeuvre que l'on entrevoit comme excellente mais que l'on juge trop longue. Ah que tes romans peuvent faire peur Tom Wolfe !
Pourtant, ce roman est bien un roman fleuve d'aujourd'hui. Pour ceux et celle qui s'adonnent à l'écriture, il se pose parfois la question de savoir si telle ou telle idée doit être incluse dans ce que nous sommes en train de rédiger ou si elle ne pourrait pas être exploitée dans un nouveau projet de roman ou de nouvelle et ainsi de s'épargner l'angoisse de la la recherche de nouveaux terrains exploitables. Jonathan Franzen, l’instar du conseil de Harry Quebert en préambule de ce billet, ne s'est assurément pas posé la question.
Son écriture, pleine de virtuosité, accouplée d'une richesse d'idées (ou l'érudition le dispute au tragi-comique) rarement rencontré dans un seul roman, participe à ce sentiment de prendre claque sur claque et force le lecteur à poser le livre pour reprendre son souffle. Ce fut mon cas qui l'ai même lu en plusieurs semaines, le lâchant et y revenant parmi d'autres lectures.
Rajoutons à cela une bonne dose de cynisme et des pans du roman - description de la façon dont les symptômes de la dépression de Gary reviennent, celle d'un coït entre Alfred et Enid, de la bataille entre Alfred et un étron (oui c'est bien ça) ou encore celle, hilarante du vol, par Chip, d'un filet de saumon qu'il est incapable de payer - vous resteront longtemps gravé en mémoire.
Un vrai chef d'oeuvre.
AL
Liens:
http://www.telerama.fr/livre/jonathan-franzen-romancier-des-americains-je-partage-les-defauts-j-en-fait-partie,72032.php
Chronique de Frédéric Beigbeder du nouveau roman de Jonathan Franzen, Freedom :
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/09/10/01006-20110910ARTFIG00012-index.php
And now, don’t waste your time on Dandelion and will to read a fucking book !
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