Joachim Meyerhoff est un parfait inconnu en France. Acteur célèbre en Allemagne il s'était lancé avec succès en 2009 dans une série de one-man-shows autobiographiques "Tous les morts volent haut" comportant 6 pièces et dans lesquelles il mettait en scène sa propre vie. Joachim Meyerhoff a passé une partie de son enfance dans les murs d'un asile psychiatrique dont son père était le directeur.
Fort de ce succès, ainsi que d'un premier roman Alle Toten fliegen hoch: America ayant reçu le prix Franz-Tumler, il décide de mettre dans un roman la matière utilisée dans ces pièces : Jusqu'ici et pas au-delà.
Dès les premières lignes, on le comprend, Joachim n'est pas un enfant comme les autres. Pas qu'il soit fou comme le sont les pensionnaires de l'asile dans lequel il vit et dont son père est le directeur. Non, car même si ce foyer côtoie la démence, elle n'interfère pas, grâce à une mère dévouée et un père bienveillant. Mais Joachim au coté de deux frères charismatiques doit s'employer pour se faire remarquer et entrevoir la fierté de son père. Frustrations mal placées, accès de colère décalés et fierté incongrue à la découverte d'un mort dans le jardin ouvrier sur le chemin de l'école, oui Joachim est un enfant différent.
Ainsi, dans cette succession de chroniques sur les événements marquants de son enfance, les rapports qu'il entretient avec les patients de l’hôpital et dont certains sont même invités à leur table par le père, Joachim Meyerhoff tisse une oeuvre pleine de sensibilité où l'image du père qu'il idolâtre rayonne et dont la douceur dénote avec la présupposé gravité du quotidien à l'intérieur d'un asile d'aliénés.
Habile dans ses descriptions, à l'opposé du pathos et où l'humour est souvent convoqué (la scène du repas ou trois pensionnaires sont invitées à la table de la famille pour les quarante an du père est tout bonnement hilarante), Joachim Meyerhoff débite au fil des pages une tendre comédie où son art de la distanciation donne au tout une atmosphère d'étrangeté à la fois touchante et réjouissante qui n'est pas sans rappeler Yann Quéffelec et Les Noces barbares, le tragique en moins.
Devenu adulte, ayant quitté ce quotidien, un événement tragique le contraint un jour au retour. Et c'est avec une douce mélancolie que Joachim revient sur ce lieu fondateur, marchant dans les pas de ce petit garçon original qui est devenu un homme non moins original.
AL
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