Corniche Kennedy, son quatrième roman publié en 2008 et présent dans la liste de plusieurs prix littéraire de renom (Femina, Médicis) avait fait connaître à la France entière Maylis de Kerangal, cette auteure né à Toulon mais ayant passé la majeure partie de sa jeunesse au Havre.
Avec naissance d'un pont, Maylis de Kerangal transformait l'essai en décrochant à l'unanimité le prix Médicis 2010.Cette épopée humaine, autour de la construction d'un pont - pourtant librement inspiré d'un pont cher à mon cœur, le Golden Gate de San Franscisco - ne m'avait pas séduit ; je notais tout de même trois lettres, MdK.
En choisissant de nous raconter une autre épopée humaine, celle de la transplantation cardiaque, Maylis de Kerangal piquait cette fois ma curiosité en me proposant une nouvelle digression au milieu de mon thème de cette année 2014 des grands romanciers américains qui peine décidément à prendre le dessus.
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résumé de l'éditeur:
Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
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Une entame, un premier paragraphe, une interrogation (ce qu'est le cœur de Simon Limbres...) et tout cela en une seule phrase. L'état d'urgence est installé, le compte à rebours lancé. Je le savais avant d'ouvrir le livre, Simon Limbres va donc mourir et après l'épopée humaine de la naissance d'un pont Maylis de Kerangal raconte un autre miracle possible lorsque les hommes se mettent au diapason, réparer les vivants.
Cette semaine, le premier homme doté d'un cœur artificiel est mort deux mois et demi après son opération. Malgré ce fol espoir de la bio-médecine, il ne demeure encore qu'une solution lorsque l'organe roi, l'analogie même de la vie est défaillant et doit être remplacé. Mais cette prouesse, cet acte magistral n'est possible que grâce à une découverte fondamentale, énoncée en 1959 par deux médecins français, Maurice Goulon et Pierre Mollaret: l’arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. [...] Si je ne pense plus alors je ne suis plus. Ainsi, couplés à cette découverte, les progrès des techniques de réanimation permettant d'irriguer le cerveau de patients en état de mort cérébrale et qui sans celles-ci auraient basculer irrémédiablement dans la mort cardiaque, au delà d'énoncer une nouvelle définition de la mort, eu aussi pour conséquence de permettre les prélèvements d'organes.
C'est sur ce sujet précis que Maylis de Kerangal a choisi d'axer son récit, de développer sa réflexion. Ainsi, les interrogations autour de la mort de Simon (qui conduisait, que s'est-il passé ?) ou de la façon dont sa petite amie appréhenda la perte irréparable de son premier amour ne sont même pas évoquées ;
si certains personnages sont développés plus que d'autres, c'est qu'ils gravitent tous autour de l'acte de la transplantation (médecin qui constate la mort, infirmier coordinateur, infirmière qui assiste, chirurgien qui prélève et réimplante, parents qui disent "oui", patient qui reçoit ) en sont un maillage indispensable.
Maylis de Kerangal raconte avec précision toutes les étapes de ce prodige mais évidement vu la porté presque philosophique de l'acte, s'interroge et tente de répondre à des questions fondamentales:
[...] la loi induisant encore autre chose, une notion plus complexe qui tenait de la réciprocité, de l'échange: chaque individu étant un receveur présumé potentiel, était-il si illogique , si infondé, après tout, que chacun soit envisagé comme un donneur présumé après sa mort ?
Si c'est un don, il est tout de même d'un genre spécial, pense-t-elle. Il n'y a pas de donneur dans cette opération, personne n'a eu l'intention de faire un don, et de même il n'y a pas de donataire, puisqu'elle n'est pas en mesure de refuser l'organe, elle doit le recevoir si elle veut survivre, alors quoi qu'est ce que c'est ?
Avec en sus une écriture riche, fournie, travaillée, parfois époustouflante, quelques fois surprenante - des digressions pleine d'érudition viennent parfois émaillées le court de la narration comme pour nous permettre de reprendre notre souffle - Réparer les vivants est un réussite à tous les plans.
AL
Liens:
Maylis de Kerangal : « Réparer les vivants » par Mediapart
Cette semaine, le premier homme doté d'un cœur artificiel est mort deux mois et demi après son opération. Malgré ce fol espoir de la bio-médecine, il ne demeure encore qu'une solution lorsque l'organe roi, l'analogie même de la vie est défaillant et doit être remplacé. Mais cette prouesse, cet acte magistral n'est possible que grâce à une découverte fondamentale, énoncée en 1959 par deux médecins français, Maurice Goulon et Pierre Mollaret: l’arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. [...] Si je ne pense plus alors je ne suis plus. Ainsi, couplés à cette découverte, les progrès des techniques de réanimation permettant d'irriguer le cerveau de patients en état de mort cérébrale et qui sans celles-ci auraient basculer irrémédiablement dans la mort cardiaque, au delà d'énoncer une nouvelle définition de la mort, eu aussi pour conséquence de permettre les prélèvements d'organes.
C'est sur ce sujet précis que Maylis de Kerangal a choisi d'axer son récit, de développer sa réflexion. Ainsi, les interrogations autour de la mort de Simon (qui conduisait, que s'est-il passé ?) ou de la façon dont sa petite amie appréhenda la perte irréparable de son premier amour ne sont même pas évoquées ;
si certains personnages sont développés plus que d'autres, c'est qu'ils gravitent tous autour de l'acte de la transplantation (médecin qui constate la mort, infirmier coordinateur, infirmière qui assiste, chirurgien qui prélève et réimplante, parents qui disent "oui", patient qui reçoit ) en sont un maillage indispensable.
Maylis de Kerangal raconte avec précision toutes les étapes de ce prodige mais évidement vu la porté presque philosophique de l'acte, s'interroge et tente de répondre à des questions fondamentales:
[...] la loi induisant encore autre chose, une notion plus complexe qui tenait de la réciprocité, de l'échange: chaque individu étant un receveur présumé potentiel, était-il si illogique , si infondé, après tout, que chacun soit envisagé comme un donneur présumé après sa mort ?
Si c'est un don, il est tout de même d'un genre spécial, pense-t-elle. Il n'y a pas de donneur dans cette opération, personne n'a eu l'intention de faire un don, et de même il n'y a pas de donataire, puisqu'elle n'est pas en mesure de refuser l'organe, elle doit le recevoir si elle veut survivre, alors quoi qu'est ce que c'est ?
Avec en sus une écriture riche, fournie, travaillée, parfois époustouflante, quelques fois surprenante - des digressions pleine d'érudition viennent parfois émaillées le court de la narration comme pour nous permettre de reprendre notre souffle - Réparer les vivants est un réussite à tous les plans.
AL
Liens:
Maylis de Kerangal : « Réparer les vivants » par Mediapart
http://www.telerama.fr/livres/reparer-les-vivants,106986.php
http://www.lepoint.fr/livres/rentree-litteraire-reparer-les-vivants-au-coeur-de-l-homme-22-01-2014-1782919_37.php
And now, Don't waste your time and will to read a fucking book !!!
http://www.lepoint.fr/livres/rentree-litteraire-reparer-les-vivants-au-coeur-de-l-homme-22-01-2014-1782919_37.php
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